Cardiologie
Dépistage de la FA : l’ECG continu 10 fois plus efficace que la clinique
Comparativement à un suivi standard par mesure itérative du pouls et auscultation, le recours à un ECG continu portatif permet de dépister dix fois plus d’épisodes de FA car la majorité d’entre elles sont paroxystiques.
- Ocskaymark/istock
La fibrillation atriale (FA) est l’un des principaux facteurs de risque modifiable des accidents vasculaires cérébraux (AVC).
Encore faut-il qu’elle soit dépistée et traitée tôt, ce qui est loin d’être le cas pour ce trouble du rythme dont la prévalence augmente avec l’âge mais qui est le plus souvent silencieux. On estime ainsi que de 10 à 20% des AVC ischémiques seraient la conséquence d’une FA méconnue et ces AVC sont le plus souvent graves et handicapants.
Sur deux périodes de 15 jours
L’essor des appareils portatifs pour la détection des troubles du rythme a conduit à mettre en place une étude comparant le suivi clinique standard des patients, avec mesure itératives du pouls et auscultation, à un dépistage pro-actif de la FA par ECG continu portatif et à un tensiomètre électronique oscillométrique.
Cette étude multicentrique, SCREEN-AF, dont les résultats sont publiés dans JAMA Cardiology, a inclus 856 patients âgés hypertendus de plus de 75 ans (56,9% de femmes, d’un âge moyen de 80 ans). Les résultats sont très nets : l’ECG continu, porté pendant 2 périodes de 15 jours à l’inclusion et à 3 mois d’intervalle, a permis de dépister des épisodes de FA chez 10 fois plus de patients que le suivi clinique avec mesures itératives : 5,3% des patients vs 0,5% (RR 11,2, IC 95% 2,7-47,1, p = 0,001).
Un temps médian de 6,3 heures
Chez les sujets dont la FA a été dépistée par l’ECG continu, le temps médian total passé en FA était de 6,3 heures et la durée médiane du plus long épisode était de 5,7 heures. Au terme des 6 mois de suivi de l’étude, un traitement anticoagulant a été instauré chez 75% de ces patients.
Au total, 4,1% des sujets ayant bénéficié du dépistage pro-actif de la FA recevaient un anticoagulant dans cette indication, comparativement à 0,9% de ceux du groupe contrôle, en raison d’une FA ou d’autres indications (RR 4,4, IC 95% 1,5-12,8, p =0,007).
Tensiomètre : faux-positifs neuf fois sur dix
L’utilisation deux fois par jour d’un tensiomètre avec fonction « trouble du rythme », s’est par contre montrée peu contributive, avec une sensitivité de 35%, une spécificité de 81%, une valeur prédictive positive de 8,9% et une valeur prédictive négative de 95,9%. Parmi les 18,2% d’alertes pour FA signifiées par l’appareil, 91,1% étaient des faux positifs.
La tolérance à l’ECG continu a été bonne, le suivi n’ayant dû être interrompu en raison de réactions cutanées que chez 5 des 434 patients du groupe dépistage pro-actif, soit 1,2%.
Surtout des FA paroxystiques
La bien meilleure performance du dépistage par ECG continu comparativement au suivi clinique n’est pas totalement une surprise du fait de la plus grande fréquence des FA paroxystique, notent dans l’éditorial qui accompagne cette publication Roopinder Sandhu et Christine Albert.
Cette stratégie présente en outre l’avantage de permettre non seulement de dépister mais aussi de confirmer le diagnostic du trouble du rythme. Il reste à démontrer que ce dépistage précoce permet de réduire les complications de la FA.








