Infectiologie

Covid-19 et risque de réinfection : les IgG anti-SARS-CoV-2 le réduisent de 90%

Une réinfection à SARS-CoV-2 est possible, mais rare, et elle serait bénigne. La présence d'anticorps IgG anti-spike, ou anti-nucléocapside, est associée à un risque très réduit de réinfection dans les 6 mois qui suivent une Covid-19.

 

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  • 26 Déc 2020
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    Par rapport aux professionnels de santé séronégatifs à SARS-Cov-2 et après ajustement pour l'âge, le sexe et le mois de réalisation du test, le ratio du taux d'incidence chez les professionnels séropositifs est de 0,11 (IC à 95%, 0,03 à 0,44 ; P=0,002).

    L'incidence des tests PCR positifs est inversement associée aux titres d'anticorps anti-spike, y compris les titres inférieurs au seuil de positivité (P<0,001 pour la tendance). L’étude est publiée dans le New England Journal of Medicine.

    La protection restait incertaine

    Une infection à SARS-CoV-2 produit des réponses immunitaires avec des anticorps détectables dans la plupart des cas, bien qu’à des taux variables. Cependant, la protection des anciens malades contre une seconde infection restait incertaine.

    Une équipe de chercheurs d’Oxford a étudié l'incidence de l'infection par le SARS-CoV-2, symptomatique ou asymptomatique, et confirmée par PCR, chez des professionnels de santé séropositifs et séronégatifs, pendant une période allant jusqu'à 31 semaines dans des hôpitaux universitaires au Royaume-Uni. Le taux d'anticorps à l'inclusion a été déterminé par des sérologies anti-spike (critère primaire) et IgG anti-nucléocapside.

    Réduction de 90% du risque de réinfection

    Au total, 12 541 professionnels de santé ont participé à l’étude prospective : 11 364 ont été suivis après des résultats sérologiques négatifs et 1265 après des résultats positifs, dont 88 chez qui une séroconversion s'est produite pendant le suivi.

    Sur 31 semaines, 223 professionnels de santé séronégatifs pour anti-spike ont eu un test PCR positif (1,09 pour 10 000 jours à risque), 100 pendant le dépistage alors qu'ils étaient asymptomatiques et 123 pendant le dépistage alors qu’ils étaient symptomatique, tandis que 2 travailleurs de la santé séropositifs anti-spike ont eu un test PCR positif rendant le suivi (0,13 pour 10 000 jours à risque), et les deux étaient asymptomatiques au moment du test (Ratio des taux d'incidence ajusté = 0,11 ; intervalle de confiance à 95%, 0,03 à 0,44 ; P=0,002).

    Des anticorps protecteurs

    Aucune infection symptomatique n'a été constatée chez les professionnels ayant des anticorps anti-spike. Les rapports de taux sont de plus similaires, que le test IgG anti-nucléocapside aient été utilisé seuls ou en combinaison avec le test IgG anti-spike pour déterminer le statut à l’inclusion.

    En raison du faible nombre de réinfections chez les professionnels de santé séropositifs, il n’est pas possible dire si la séroconversion antérieure ou les niveaux d'anticorps au moment de l’étude déterminent la protection contre l'infection ou définissent les caractéristiques associées à la réinfection. De même, il n’est pas non plus possible de dire si la protection est conférée par les anticorps qui ont été mesurés ou par l'immunité cellulaire T, qui n’a pas été évaluée dans cette étude.

    Une immunité post-infectieuse

    Des preuves d’une immunité post-infection à SARS-CoV-2 apparaissent donc dans cette étude mais quelques restrictions s’imposent. Il s'agit d'une étude qui a porté sur des professionnels de santé adultes, âgés de 65 ans ou moins, en bonne santé, dont tous les résultats de PCR n'ont pas été recueillis. Certains d’entre eux ont été perdus de vue après avoir quitté leur emploi dans les hôpitaux mais il est probable que cela se soit produit à des taux identiques dans les 2 groupes, séropositif et séronégatif.

    Au final, malgré plusieurs dizaines de millions de personnes infectées dans le monde et une transmission du virus qui s’étend sans cesse, les réinfections signalées à SARS-CoV-2 restent rares ou peu fréquentes. Celles-ci se produiraient principalement après un premier épisode infectieux léger ou asymptomatique ou chez une personne immunodéprimée. Cette étude suggère donc qu’une infection par le SARS-CoV-2 procure une certaine immunité contre une réinfection chez la plupart des personnes précédemment infectées et si celle-ci survient, elle serait modérée ou asymptomatique.

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    JDF