Onco-dermatologie

Lentigo malin : l’imiquimod en néo-adjuvant fait ses preuves

Traiter le lentigo malin par imiquimod avant l’exérèse chirurgicale permet de réduire la taille de la tumeur et donc in fine de diminuer les séquelles esthétiques du geste, sans accroitre le risque d’excision intralésionnelle.  

  • Istock/Liliia Kyrylenko
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  • 19 Décembre 2020
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    Face à un mélanome de Dubreuilh in situ, prolifération mélanocytaire survenant sur des zones photo-exposées pouvant évoluer vers un mélanome invasif, l’exérèse chirurgicale de la tumeur est recommandée. Cette stratégie peut toutefois entrainer des séquelles esthétiques importantes, et est donc parfois refusée par les patients, et elle peut dans certains lésions étendues être non réalisable.

    Des études antérieures avaient montré que l’imiquimod permettait une régression du lentigo malin, ce qui a conduit à évaluer ses bénéfices avant l’exérèse chirurgicale dans un essai prospectif contre placebo.

    Une étude multicentrique française

    Les résultats de cette étude multicentrique française présentés lors du dernier congrès de l’ASCO, confirment l’intérêt de cette stratégie, qui permet effectivement de réduire la taille de la tumeur et donc d’améliorer les résultats esthétiques, sans pour autant accroitre le risque d’exérèse intralésionnelle.

    Les quelques 273 patients âgés en moyenne de 71 ans inclus dans l’essai, dont la lésion faisait de 1 à 20 cm2, ont été randomisés en ouvert pour recevoir de l’imiquimod ou un placebo à raison d’une application par jour, 5 jours par semaine pendant 4 semaines. L’exérèse chirurgicale, avec une marge de 5 mm, a été ensuite réalisée 4 semaines après la dernière application du traitement actif ou du placebo.  

    Une réduction de moitié de la surface lésionnelle en un mois

    La première exérèse extralésionnelle a été réalisée chez 91,8 % des patients ayant reçu l’imiquimod versus 84,5 % de ceux du bras placebo (p= 0,17). Cette différence n’est pas significative, mais le traitement par imiquimod s’est accompagné d’une réduction très nette de la surface de la lésion, qui est passée de 4,2 cm2 ± 4,6 à 2,3 cm2 ± 3,3, alors qu’elle n’a pas évolué sous placebo   (4,0 cm2 ± 3,5 à 4,0 cm2 ± 3,3, p < 0,0001).

    Le risque d’exérèse intra-lésionnelle n’a pas été augmenté et le résultat esthétique a été amélioré grâce à la réduction de la surface excisée.
    Dans ce contexte néoadjuvant, l’imiquimod, qui agit en augmentant la production locale d’interféron gamma et la fonction effectrice des cellules T,  permet donc d’optimiser les résultats de la chirurgie.

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