Rhumatologie

Fracture vertébrale : le risque sous anti-aromatase corrélé à la masse grasse

Chez des femmes ménopausées recevant un anti-aromatase pour un cancer du sein, le risque de fracture vertébrale par ostéopénie serait accru chez celles qui ont un indice de masse grasse élevé.

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  • 28 Mai 2020
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    Le traitement du cancer du sein par un anti-aromatase augmente le risque de fracture vertébrale (27,2% en moyenne dans le groupe traité vs 16,3% dans le groupe non traité, p = 0,002), mais il l’augmente de façon significativement plus marquée chez les femmes qui ont un indice de masse grasse élevé par rapport à celles qui ont un indice faible : 33,3% vs 20 % (p= 0,04).

    Le résultat de cette étude monocentrique ayant inclus un total de 556 femmes, publiée dans le JAMA, apporte un éclairage intéressant pour un problème très pratique : l’évaluation du risque de fracture chez des femmes ayant un cancer du sein traité par anti-aromatase, chez lesquelles la réalisation d’une mesure isolée de la densité minérale osseuse par absorptiométrie biphotonique n’est pas contributive et qu’il faut suivre avec un examen annuel.

    Avec ou sans traitement

    Le design de l’étude est assez complexe : 556 femmes au total, âgées en moyenne de 63 ans, traitées pour un cancer du sein à un stade précoce. Parmi elles, 195 ont reçu un anti-aromatase, traitement qui entraîne une déplétion estrogénique marquée, une perte de masse osseuse et expose donc à un risque accru de fractures, et 361 n’en n’ont pas reçu.

    Les premières étaient en moyenne plus âgées (66 ans vs 61 ans, p <0,001), avaient un indice de masse corporelle plus élevé (26,4 kg/m2 vs 25,3 kg/m2, p = 0,009), faisaient moins d’activité physique (65,3% vs 73,7 %, p = 0,03) et consommaient moins d’alcool (68,4% vs 80,9%; p = 0,001).  

    Une prévention individualisée

    Dans le groupe de femmes naïves d’anti-aromatase, la prévalence des fractures vertébrales était plus élevée chez celles ayant les indices de masse grasse les plus faibles (valeurs en absorptiométrie biphotonique inférieures à la médiane) que chez celles ayant une mesure supérieure à la médiane, mais la différence n’était pas statistiquement significative (19,2% vs 13,3% ; p= 0,13).

    Un constat inverse de celui fait chez les patientes traitées par un anti-aromatase, chez lesquelles le risque de fracture vertébrale était plus élevé en cas d’indice de masse grasse supérieure à la médiane. C’est la première fois qu’une étude retrouve un tel lien entre la masse grasse et le risque fracturaire.

    Si ces données étaient confirmées, l’obésité et la masse grasse pourrait être un paramètre à prendre en compte pour définir la stratégie thérapeutique anti-ostéoporotique préventive chez les patientes devant recevoir un anti-aromatase.  

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