Psychiatrie
Pédophilie : des espoirs avec la castration chimique en préventif
Le recours à un antagoniste de la GnRH pourrait réduire le risque de passage à l’acte chez des sujets ayant un trouble pédophile sans antécédent d’abus sexuel sur mineurs.
- Nastia11/istock
Administré à des patients volontaires souffrant de trouble pédophile, le dégarélix, un antagoniste sélectif de la GnRH utilisé dans le traitement du cancer de la prostate hormonodépendant, permet de réduire significativement les scores de risque d’abus sexuel sur mineurs, et ce dans un délai rapide de 2 semaines.
Dans cette étude académique suédoise publiée dans le JAMA Psychiatry, 52 hommes âgés en moyenne de 36 ans, ont été randomisés en double aveugle pour recevoir 240 mg d’acétate de dégarélix (2 injections de 120 mg) ou un placebo. Les participants, tous volontaires, avaient été recrutés après avoir contacté le centre spécialisé en médecine sexuelle de Stockholm, ANOVA, via la plateforme téléphonique nationale PrevenTell.
Evaluation du risque de passage à l’acte
Le critère d’évaluation est un score composite de risque de passage à l’acte prenant en compte plusieurs dimensions (trouble pédophile, préoccupation sexuelle, faible empathie, altération de l’auto-régulation) et l’auto-estimation du risque.
Deux semaines après les injections, les auteurs de ce travail rapportent une diminution significative (p=0,01) du score composite de risque de passage à l’acte chez les hommes qui ont eu les 2 injections de dégarélix versus placebo, sans différence significative sur l’auto-estimation du risque. La réduction du score composite perdure à 10 semaines.
Au niveau de la tolérance, deux des 25 sujets qui ont été traités par dégarélix ont été hospitalisés en raison d’idées suicidaires. Les autres effets indésirables ont été une élévation des enzymes hépatiques (44 % vs 8%) et des réactions au site d’injection (88% vs 4%).
Malades sans antécédents
Tous les hommes souffrant de trouble pédophile ne commettent pas d’abus sexuels sur mineurs, rappellent les auteurs de cette étude. Mais environ la moitié des auteurs de ce type d’abus sexuel ont un trouble pédophile, qui évolue souvent depuis une dizaine d’années avant le passage à l’acte.
Un constat qui souligne l’importance de la prévention, qui jusqu’alors se fondait notamment sur la psychothérapie, les antidépresseurs et parfois le recours à des anti-androgènes en prévention secondaire chez des sujets à haut risque.
Attention aux effets secondaires à long terme
Pour des raisons méthodologiques, éthiques et légales les études cliniques sur le trouble pédophile sont rares. L’étude publiée dans le JAMA Psychiatry est ainsi l’une des premières à avoir évalué la castration chimique en prévention primaire chez des personnes souffrant de trouble pédophile, dans le but de réduire le risque d’un éventuel passage à l’acte, souligne Peer Briken, dans l’éditorial qui accompagne la publication.
Un traitement intéressant donc, mais qui risque de s’accompagner aussi d’effets secondaires en cas de prévention sur le long terme, comme une ostéoporose sévère, avec un risque majeur de fractures si celle-ci n’est pas prévenue.








