Diabétologie
Diabète : une nouvelle capsule à microaiguilles pour l’insulinothérapie par voie orale
Une capsule qui libère des micro-aiguilles résorbables, capables d’injecter de l’insuline de façon régulière dans la paroi de l’intestin, a été mise au point. Reste à en vérifier l’efficacité chez l’homme.
- Samara Heisz/istock
L'insuline et d'autres grosses molécules injectables ont transformé le traitement de nombreuses maladies. Dans le diabète, tant les malades que les fournisseurs de soins, préfèrent souvent réduire ou retarder l’utilisation de ces molécules injectables et utiliser des médicaments moins efficaces mais administrables par voie orale, car moins gênants et moins coûteux.
Une équipe de chercheurs a mis au point une capsule ingérable par voie orale (9 mm de diamètre et 30 mm de longueur), appelée « injecteur de micro-aiguilles à déploiement luminal », qui permet l'administration orale de médicaments biologiques en propulsant rapidement des micro-aiguilles dissolubles chargées de médicaments dans les tissus de l’intestin, à l'aide d'un ensemble de bras de déploiement. L’étude est publiée dans la revue Nature.
Meilleure résorption de l’insuline
Au cours d'études ex vivo chez l'homme et in vivo chez le porc, le dispositif a injecté avec régularité les micro-aiguilles dans les tissus intestinaux sans provoquer de perforations sur l’ensemble de l’épaisseur de la paroi. La capsule est en effet enduite d’un revêtement polymère qui permet une dissolution et une administration 1 à 5 heures après l’administration.
En utilisant l'insuline comme médicament modèle, les chercheurs ont montré que, lorsqu'il était actionné, l'injecteur de micro-aiguilles à déploiement luminal offre un profil d'absorption pharmacocinétique plus rapide et une absorption systémique > 10% par rapport à celle d'une injection sous-cutanée sur une période d'échantillonnage de 4 heures. Avec la capacité de charger une multitude de micro-aiguilles, le dispositif peut servir de plateforme pour administrer par voie orale des doses thérapeutiques de médicaments macromoléculaires.
Un pas de plus vers l’insulinothérapie par voie orale
Comparativement aux médicaments injectables par voie sous-cutanée, les traitements oraux créent moins d'inconfort pour le patient, ils peuvent avoir une plus grande stabilité chimique à l’acidité de l’estomac et ils ne génèrent pas de déchets, en particulier les aiguilles qui nécessitent un recyclage particulier. Une forme posologique orale pour les médicaments biologiques avec des grosses molécules sensibles à l’acidité de l’estomac et difficilement absorbables à travers la paroi de l’intestin est donc idéale.
Depuis que l’insuline a été injectée pour la première fois à un humain en 1922, différentes équipes ont cherché à mettre au point un dispositif permettant la délivrance de cette grosse molécule par voie orale (microcapsules gastro-résistantes, dispositif améliorant l’absorption…). La même équipe a travaillé sur différentes solutions et différents sites d’administration (estomac ou intestin). Dans le cas présent, cette capsule qui résiste à l’acidité de l’estomac et qui libère des micro-aiguilles directement dans la paroi de l’estomac est séduisante, même si sa taille est encore un peu impressionnante. La délivrance de l’insuline est régulière et un peu plus importante que celle d’une injection sous-cutanée. Reste à vérifier que cela marche chez l’homme et dans une population plus importante. Il est toujours possible de modifier le revêtement pour moduler la vitesse d’absorption et nul doute que la miniaturisation suivra.








