Rhumatologie
Polyarthrite rhumatoïde : le traitement précoce améliore le bénéfice à long terme
Dans la polyarthrite rhumatoïde, un traitement précoce optimisé s’accompagne de bénéfices durables pour les malades, avec une possible réduction à terme de la mortalité liée à la maladie rhumatoïde.
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Pour mieux comprendre les effets à long terme de différentes modalités du traitement de la polyarthrite rhumatoïde, 2 études publiées dans Arthritis & Rheumatology, soulignent l’intérêt d’un traitement précoce.
Celui-ci améliore non seulement l’état articulaire immédiat et il réduit l’agressivité de la maladie inflammatoire, mais probablement il réduit aussi le bénéfice à long terme, avec un maintien de l’efficacité du traitement sur le long cours et la possibilité d’une réduction de la mortalité qui est normalement associée à cette maladie auto-immune.
Registre de Norfolk sur la PR
Les chercheurs de l'Université de Manchester au Royaume-Uni ont analysé les données du Registre de Norfolk, qui a recruté des PR entre 1990 et 1994 et les a régulièrement suivi sur 20 ans. Ils ont stratifié les 602 patients du registre en trois groupes : ceux qui ont reçu un traitement précoce, ceux qui ont reçu un traitement tardif et ceux qui n'ont pas reçu de traitement parce que leurs symptômes n'étaient pas assez graves pour le justifier.
Les patients qui ont reçu un traitement précoce ont des taux d'incapacité comparables à ceux dont les symptômes étaient suffisamment minimes pour renoncer au traitement (IC 95% à 0,03 ; -0,06 à 0,12), alors que les patients ayant reçu un traitement tardif ont eu une incapacité accrue par rapport au groupe sans traitement (IC 95% à 0,10 ; 0,02 à 0,17).
Au cours de l'étude, 265 des patients (44%) sont décédés et il n’y a pas eu de différence significative pour la mortalité entre l'un ou l'autre groupe de traitement, par rapport au groupe sans traitement.
Réduction de la mortalité de la PR dans les données de l’OMS
Une deuxième étude, de l'Université de Lund en Suède, révèle une réduction au fil du temps des taux de mortalité au cours de la polyarthrite rhumatoïde. Il s’agit d’une analyse des données de la mortalité dans la base de l'Organisation Mondiale de la Santé sur 31 pays d'Europe, d'Amérique du Nord et d’Australasie.
Les décès attribuables à la PR sont passés de 9281 en 1987, soit 0,12% de tous les décès, à 8428 en 2011, soit 0,09% de tous les décès. En moyenne, la baisse de la mortalité liée à l'arthrite serait de 3% par an. Pendant la période de l’étude, 21 des 31 pays étudiés ont enregistré des réductions de la mortalité liée à la PR de 25% ou plus, alors que trois pays ont connu une augmentation, ce qui témoigne de variations substantielles de la prise en charge dans certains pays.
En pratique
Ces études mettent l'accent sur l'importance du traitement précoce optimisé dans la polyarthrite rhumatoïde et sur les bénéfices potentiels articulaires et systémiques à long terme de l’instauration précoce d’un traitement efficace.
Lorsque le registre de Norfolk a débuté, au début des années 1990, seulement 30% des patients ont reçu un traitement précoce, mais ce nombre a considérablement augmenté au cours de la dernière décennie et de nouveaux traitements ont fait leur apparition pour les formes les plus sévères.
Dans l’analyse des données de l’OMS, les chercheurs de l’Université de Lund ont attribué la baisse de la mortalité à plusieurs facteurs, y compris des l’amélioration des traitements et à des formes moins agressives de polyarthrite rhumatoïde. Cette réduction de la mortalité globale traduit essentiellement une diminution de la mortalité cardiovasculaire, notamment coronarienne, chez les patients dont l'activité de la maladie est le mieux contrôlée par les traitements de fond (Lung L, et al Ann Rheum Dis 2016;75:2087-94).
Si l’on valide le concept de « fenêtre d’opportunité », il est possible que le traitement précoce ait un impact réel sur le processus auto-immun systémique et que les patients nouvellement diagnostiqués aient un meilleur pronostic fonctionnel et une activité moins sévère de la maladie dans les 10 prochaines années. Ces données sont très encourageantes si elles se confirment car elles témoigneraient de la capacité du traitement précoce à induire des polyarthrites rhumatoïdes avec une activité moins sévère de la maladie.








