Gynécologie

Bouffées de chaleur après la ménopause : un nouveau traitement sans estrogènes

Un traitement par un antagoniste des récepteurs de la neurokinine 3 soulage significativement des bouffées de chaleur et pourrait remplacer le traitement hormonal substitutif.

  • HighwayStarz/epictura
  • 04 Avril 2017
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    Un traitement par un antagoniste des récepteurs de la neurokinine 3 (NK3R antagoniste) réduit de près de moitié le nombre des bouffées de chaleur chez la femme ménopausée (p < 0.0001). Ce sont les résultats d’une étude de phase 2 en double aveugle et cross over avec une analyse en intention de traiter qui est publiée dans The Lancet online.

    Une étude de phase 2 méthodologiquement intéressante

    Cette étude de phase 2, randomisée, en double aveugle et cross-over, contrôlée versus placebo, a inclu des femmes ménopausées en bonne santé, âgées de 40 à 62 ans, ayant sept bouffées de chaleur ou plus par 24 h, dont certaines ont été signalées comme sévères. Ces femmes n'avaient pas eu de menstruation pendant au moins 12 mois et n'avaient pas été améliorées par un traitement de la ménopause au cours des 8 semaines précédentes.

    Un cross over mais un petit effectif

    68 femmes ont été sélectionnées, dont 37 ont été randomisées dans une analyse en intention de traiter. 28 participantes ont terminé l'essai et ont été inclues dans une analyse per protocole.

    Les participantes ont reçu 4 semaines d’un antagoniste des récepteurs de la neurokinine 3 (MLE4901), 40 mg, deux fois par jour, par voie orale versus placebo (par voie orale, deux fois par jour) dans un ordre aléatoire séparé par une période de wash-out de 2 semaines.

    Le critère principal est le nombre total de bouffées de chaleur pendant la dernière semaine des deux périodes de traitement. Les analyses ont été effectuées par intention de traiter.

    Efficacité subjective et objective

    L’antagoniste des récepteurs de la neurokinine 3 a réduit de 45% le nombre hebdomadaire total de bouffées de chaleur (IC 95% 22-67) par rapport au placebo (moyennes dans le groupe placebo = 49.01 [IC 95% 40.81-58.56] versus MLE4901 = 19.35 [15.99-23.42], estimation ajustée de la différence 29.66 [17.39-42.87], p < 0.0001).

    Par rapport au placebo, le NK3R antagonistea également réduit de 41 % la gravité des bouffées de chaleur sur la semaine (placebo 5.70 [5.09-6.38] vs NK3R antagoniste3.27 [2.92-3.66], p < 0.0001).

    Le bénéfice subjectif de la réduction des bouffées de chaleur a été confirmé par la mesure objective de la conductivité cutanée (nombre moyen de bouffées de chaleur par 24 h : placebo 26.91 [IC 95% 23.16-31.27] versus NK3R antagoniste16.22 [13.99-18.80], p < 0 · 0001; diminution de 43 % [30-55]

    Le traitement a été bien toléré. Trois participantes ont eu une augmentation des transaminases (alanine aminotransférase à 4,5-5,9 fois la limite supérieure de la normale) avec une bilirubine normale 28 jours après le début du traitement.

    En pratique

    Les bouffées de chaleur affectent 70% des femmes ménopausées et ont souvent un impact important sur le bien-être physique, sexuel et le fonctionnement psychosocial. La voie de signalisation de la Neurokinine B est augmentée chez les femmes ménopausées et a été incriminée comme étant un médiateur important des bouffées de chaleur.

    Le traitement hormonal substitutif par les estrogènes et les progestatif est efficace mais n'est pas sans risque, en particulier oncologique. Ce traitement par un antagoniste des récepteurs de la neurokinine 3 (NK3R antagoniste) réduit très significativement le nombre et l’intensité des bouffées de chaleur chez la femme ménopausée, que ce soit sur les évaluations subjectives et les évaluations objectives.

    Le concept de l’implication de la voie de signalisation de la Neurokinine 3 dans les bouffées de chaleur de la ménopause est validé et l’efficacité d’un antagonisme du récepteur de la neurokinine 3 semble intéressant.

    Il s’agit cependant d’une étude de phase 2 sur de très petits effectifs, même si elle est en cross over, et des études à plus grande échelle et de durée plus longue sont ainsi nécessaires.

    Mais si la tolérance se confirme, une nouvelle option est possible dans le traitement des bouffées de chaleur sévères chez la femme ménopausée, en dehors du traitement hormonal substitutif.

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