Cardiologie
Infarctus et AVC : plusieurs infections virales courantes augmentent le risque
Grippe, Covid-19, VIH, hépatite C ou zona : ces infections virales sont associées à une augmentation du risque d’infarctus du myocarde et d’AVC, à court mais aussi à long terme. Ce lien épidémiologique met en lumière l’importance de la prévention, notamment par la vaccination.
													- Mohammed Haneefa Nizamudeen/istock
 
Alors que les maladies cardiovasculaires (MCV) sont responsables de plus de 20 millions de décès par an, principalement dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires, les infections virales banales sont de plus en plus identifiées comme des facteurs de risque émergents. Certaines, comme le VIH ou le SARS-CoV-2, sont associées à des mécanismes pro-inflammatoires et pro-thrombotiques bien documentés, mais l’ampleur du phénomène restait partiellement connue.
Pour combler cette lacune, une méta-analyse incluant 155 études épidémiologiques a été réalisée afin d’évaluer l’association entre différentes infections virales et le risque de MCV, en distinguant coronaropathies et AVC. Selon les résultats publiés dans le Journal of American Heart Association, il existerait un risque accru d’accident cardiovasculaire majeur après une infection par le SARS-CoV-2 (RR pour coronaropathie : 1,74 ; IC à 95 % : 1,44–2,11 ; pour AVC : 1,69 ; IC à 95 % : 1,23–2,31), le VIH (RR coronaropathie : 1,60 ; AVC : 1,45), le VHC (RR coronaropathie : 1,27 ; AVC : 1,23) et le zona (RR coronaropathie : 1,12 ; AVC : 1,18). Pour la grippe, les études révèlent une multiplication par 4 du risque d’infarctus (IRR : 4,01) et par 5 du risque d’AVC (IRR : 5,01) dans le mois suivant une infection confirmée.
Des risques persistants à long terme pour certaines infections chroniques
L’analyse fine des sous-groupes met en évidence la diversité des profils de risque selon les virus. Le VIH et le VHC, infections chroniques hautement inflammatoires, sont associés à un surrisque cardiovasculaire prolongé, persistant au-delà de 5 ans de suivi. Ce risque est observé même chez les patients sous traitement antirétroviral, probablement en raison d’une activation immunitaire résiduelle. Le zona, reflet d’une réactivation du virus varicelle-zona (VZV), semble favoriser les accidents vasculaires cérébraux par une atteinte directe de la paroi artérielle. Ces infections virales induisent un état pro-inflammatoire et pro-thrombotique via l’activation des cytokines (IL-6, TNF-α), la formation de pièges extracellulaires de neutrophiles, et la dysfonction endothéliale.
À l’inverse, les données restent insuffisantes pour établir un lien clair entre cytomégalovirus, HSV-1, VHA, HPV, ou virus émergents (dengue, chikungunya) et risque cardiovasculaire, même si des signaux d’alerte ont été identifiés dans certaines régions du monde. Enfin, la grippe et la Covid-19 ont montré un impact aigu majeur, notamment dans les deux premières semaines suivant l’infection. À noter, la vaccination antigrippale permettrait de réduire de 34 % les événements cardiovasculaires majeurs, selon les essais randomisés inclus dans cette analyse.
Une revue systématique pour mieux comprendre le lien entre infections virales et événements cardiovasculaires
Cette revue a inclus des données issues de bases de données internationales (MEDLINE, Embase, Cochrane, etc.) jusqu’en juillet 2024, avec des critères stricts d’inclusion des études de cohorte, cas-témoins et self-controlled case series. Les données ont été analysées en tenant compte des ajustements pour les facteurs de risque cardiovasculaire, et les analyses de sensibilité ont été réalisées pour limiter les biais de confusion. Le design SCCS, utilisé notamment pour la grippe et le SARS-CoV-2, renforce la solidité des résultats en contrôlant les facteurs de risque intra-individuels. Toutefois, une hétérogénéité modérée à forte entre les études, notamment selon les régions et les méthodologies, invite à la prudence dans l’interprétation de certains résultats. Des études supplémentaires sont nécessaires dans les pays du Sud, sous-représentés malgré une forte prévalence des infections virales.
Selon les auteurs, cette synthèse souligne la nécessité d’intégrer le dépistage et la prévention cardiovasculaires dans la prise en charge des maladies infectieuses chroniques, notamment dans les programmes de soins du VIH ou de l’hépatite C. Elle plaide également pour une couverture vaccinale plus large contre la grippe, le zona et, potentiellement, d’autres virus émergents à tropisme vasculaire.

										
                                                    
                                                    
                                                    
                                                    
                                                    
                                                    
                                                    
																  
                                       
																  
                                       
																  
                                       
																  
                                       
																  
                                       
																  
                                       
																  
                                       
																  
                                       
																  
                                       
																  
                                       


																
								    									
																
								    									
																
								    									
																
								    									
																
								    									
						 									


