Neurologie

AVC : un inhibiteur de la glycoprotéine VI réduirait fortement la mortalité

Le glenzocimab, un inhibiteur de la glycoprotéine VI plaquettaire développé en France, réduirait la mortalité des AVC ischémique sans augmenter le risque de saignement.

  • John Kevin/istock
  • 24 Jan 2024
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    Les inhibiteurs de l'activation plaquettaire déclenchée par la glycoprotéine VI, utilisés en association avec des traitements de reperméabilisation, constituent une approche thérapeutique prometteuse dans les accidents vasculaires cérébraux ischémiques aigus. Le glenzocimab est un segment d'anticorps qui inhibe l'action de la glycoprotéine VI plaquettaire.

    Une étude randomisée de phase 1a et 1b, versus placebo, publiée dans The Lancet Neurologie, montre sur moins de 60 malades que le glenzocimab 1000 mg en plus de l'alteplase, avec ou sans thrombectomie mécanique, est bien toléré et pourrait réduire les effets indésirables graves, les hémorragies intracrâniennes et la mortalité.

    Le traitement a été initié 4-5 h au plus à partir de l'apparition des symptômes d'AVC chez les patients traités par alteplase, avec ou sans thrombectomie mécanique.

    Moins d’effets secondaires hémorragiques ?

    Au cours de la phase 2a, l'événement indésirable le plus fréquent lié au traitement est la transformation hémorragique non symptomatique, qui s'est produite chez 17 (31%) des 54 patients traités par glenzocimab et chez 26 (50%) des 52 patients traités par placebo.

    Une hémorragie intracrânienne symptomatique n'est survenue chez aucun patient traité par glenzocimab, contre cinq (10%) dans le groupe placebo.

    Le nombre de décès toutes causes confondues est plus faible dans le groupe glenzocimab 1000 mg (quatre [7%] patients) qu'avec le placebo (11 [21%] patients).

    Un mécanisme antiagrégant plus spécifique

    La glycoprotéine VI est une protéine qui joue un rôle important dans la coagulation sanguine, en facilitant l'adhésion des plaquettes au collagène présent dans la paroi des vaisseaux sanguins. Elle est activée en réponse à l'exposition du collagène dans les vaisseaux endommagés, ce qui conduit à l'agrégation plaquettaire et à la formation de thrombus pour arrêter le saignement.

    Dans la thrombose artérielle, un inhibiteur de la glycoprotéine VI permettrait de réduire l'agrégation plaquettaire excessive et offrir un avantage par rapport aux anticoagulants traditionnels en ciblant plus spécifiquement les voies de coagulation dépendantes des plaquettes, sans causer de saignement excessif, un risque associé à de nombreux anticoagulants.

    Un développement qui doit confirmer ces résultats

    Sur France Inter, le professeur Mikaël Mazighi, chef du service neurologie à l’hôpital Lariboisière, à Paris, et premier auteur de l'étude, explique que ce nouveau traitement : « va empêcher la formation des caillots mais il ne va pas augmenter le risque hémorragique. » 

    « Les patients ne recevant pas le médicament avaient une mortalité de 19% et les patients recevant le médicament avaient une mortalité réduite à 8% donc plus de 50% de réduction de la mortalité », développe le professeur Mikaël Mazighi. 

    Dans un communiqué, les auteurs de l'étude estiment que les patients qui ont les accidents vasculaires cérébraux les plus graves et le risque le plus élevé d'hémorragie intracrânienne pourraient être les « meilleurs répondeurs », d'après les résultats obtenus.

    Un autre essai est en cours pour confirmer les conclusions de cette étude préliminaire en espérant qu’elle cconfirmera ce bénéfice potentiel. Le glenzocimab est développé par une entreprise française : l’entreprise Acticor Biotech.

     

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    JDF