Pneumologie

Cancer du poumon à petites cellules : de bons espoirs avec le tarlatamab

Le tarlatamab un traitement prometteur en 3ème ligne et plus du cancer du poumon à petites cellules. Les essais positifs de phase 2 doivent encourager à passer rapidement à la phase 3, d’autant que les effets indésirables semblent gérables, à un faible dosage qui semble aussi efficace qu’une forte dose. D’après un entretien avec Denis MORO-SIBILOT.

  • 11 Jan 2024
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    Une étude, dont les résultats sont parus en novembre 2023 dans le New England Journal of Medicine, a cherché à évaluer l’efficacité du tarlatamab dans le cancer bronchique à petites cellules. Le tarlatamab représentent une nouvelle manière de cibler le cancer pulmonaire à petites cellules : il s’agit d’un anticorps qui se lie aux cellules tumorales et se rapproche des cellules immunitaires. Ce mécanisme intéressant entraine une destruction, in vitro, des cellules cancéreuses. Les auteurs de ce travail ont évalué deux doses de tarlatamab en deuxième ligne ou plus, au cours d’un travail incluant 220 patients. Ils ont bénéficié d’une perfusion intra-veineuse de tarlatamab toutes les 2 semaines soit à la dose de 10 mg soit à la dose de100 mg. Le critère de jugement principal était la réponse au traitement en terme de survie et le critère secondaire était l’évaluation des effets indésirables.

     

    Un véritable intérêt pour une pathologie pauvre en traitements…

    Le professeur Denis MORO-SIBILOT, chef du service de pneumologie-physiologie du Centre Hospitalier Universitaire Grenoble-Alpes, explique que les deux dosages de tarlatamab utilisés ont confirmé l’efficacité chez les patients qui ont déjà eu plusieurs lignes de traitement, puisque 56% ont répondu au traitement, ce qui représente un résultat impressionnant pour un groupe de patients dont le pronostic est défavorable. De plus, il relève qu’en comparant les deux dosages, la dose de 10 mg est aussi efficace et mieux tolérée que la dose de 100 mg. Pour Denis MORO-SIBILOT, cette molécule doit être, à l’avenir, étudiée à la dose de 10 mg. L’amélioration incontestable de la survie sans supériorité des fortes doses représente un véritable intérêt pour une population de patients pauvres en traitement. Il souligne cependant que ce n’est pas parce que la phase 2 est positive que l’AMM sera obtenue, qu’il faut passer à la phase 3 en comparant le dosage de 10 mg de tarlatamab à la chimiothérapie standard et encourager fortement à la participation à cette phase 3.

     

    Des effets secondaires qui seraient gérables

    Denis MORO-SIBILOT précise que le principal effet secondaire observé est le syndrome de relargage des cytokines. Ce syndrome, habituellement évalué en grades de sévérité, est majoritairement apparu aux grades 1 et 2 , ce qui est gérable par les équipes de soins lorsqu’elles sont formées et habituées à cela. Il insiste cependant sur la nécessité de suivre cela de près car cela entraîne des perturbation pour des patients pris en charge en hospitalisation de jour. Concernant les effets secondaires neurologiques qui ont été observés, Denis MORO-SIBILOT rappelle qu’il existe des protocoles pour y circonvenir et que l’apprentissage de ces protocoles doit être réalisé auprès des professionnels de santé. Ainsi, ces effets indésirables seraient gérables. Pour lui, ce travail est très séduisant intellectuellement mais il est nécessaire de réaliser des études randomisées car les patients inclus en phases 1 et2 sont hyper-sélectionnés.

     

    En conclusion, le tarlatamab représente un très bon produit dans le traitement du cancer bronchique à petites cellules mais il faut rester prudent, un important travail étant encore nécessaire avant l’AMM même s’il est probable qu’une procédure d’accès précoce pour les patient non inclus devienne possible. Pas de faux espoirs mais une bonne piste…

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    JDF