Le stéthoscope transmet autant de bactéries que les mains du médecin

Selon une récente étude, le stéthoscope est aussi contaminé par les bactéries que les mains du médecin. Mais il n’est pas systématiquement désinfecté.

  • Par Audrey Vaugrente
  • CLOSON DENIS/ISOPIX/SIPA
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  • 28 Fév 2014
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    Désinfecter le stéthoscope après chaque usage ? Ce n’est pas un réflexe d’hygiène alors que l’outil accueille autant de bactéries que les mains d’un médecin. Une équipe des Hôpitaux Universitaires de Genève (Suisse) a tenté de déterminer si ce précieux outil ne devrait pas être stérilisé après chaque utilisation. Leurs résultats sont parus ce 27 février dans Mayo Clinic Proceedings.

    Les mains des professionnels sont la principale source de transmission bactérienne dans les hôpitaux. Mais qu’en est-il du stéthoscope, utilisé chaque jour sur les patients ? 3 médecins se sont prêtés au jeu pour répondre à cette interrogation et ont ausculté 71 patients avec un stéthoscope stérile, tout en portant des gants stériles. Après avoir réalisé la consultation, ils se sont soumis à un test bactériologique. Plusieurs zones des mains (dos, bout des doigts, saillies musculaires de la paume) et deux du stéthoscope (tube et diaphragme) ont été analysés.

    Des traces de staphylocoque doré

    « Considérant que les stéthoscopes sont utilisés répétitivement pendant la journée, qu’ils entrent en contact direct avec la peau des patients, et qu’ils peuvent accueillir plusieurs milliers de bactéries pendant une consultation, nous les percevons comme des vecteurs de transmission potentiellement significatifs », commente le Dr Didier Pittet, chercheur principal.
    Une supposition qui s’est avérée exacte : le diaphragme du stéthoscope est plus contaminé que n'importe quelle région de la main, hormis le bout des doigts. Le tube de l’outil est aussi plus colonisé par les bactéries que le dos de la main. Il en va de même pour les contaminations par staphylocoque doré résistant à la méticilline.

    « Du contrôle de l’infection aux perspectives de sécurité du patient, le stéthoscope devrait être perçu comme une extension de la main du médecin, et être désinfecté après chaque contact avec le patient », estime le Dr Pittet. En France, la Haute Autorité de Santé (HAS) inclut le stéthoscope dans les recommandations d’hygiène et de prévention du risque infectieux. Mais cette mesure, en plus de n’être pas obligatoire, ne peut être vérifiée dans chaque cabinet.

    Regardez les explications du Dr Didier Pittet :

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    JDF