Effets indésirables
"Prescrire" ajoute à sa liste 4 nouveaux médicaments à éviter
La revue médicale Prescrire a publié son bilan 2026 des traitements que ces experts jugent “plus dangereux qu’utiles”, le 1er décembre. Plus d’une centaine de médicaments y figurent.
- Par Sophie Raffin
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- alfexe/istock
Comme chaque année depuis 14 ans, la revue médicale Prescrire a publié son bilan des médicaments qu’elle appelle à éviter en raison de leurs "effets indésirables disproportionnés au regard d'une absence de démonstration d'efficacité clinique, d'une efficacité incertaine ou trop modeste par rapport à un placebo". Cette nouvelle édition a épinglé 4 nouveaux traitements et en a retiré deux autres. Ce qui porte sa liste à un total 108 traitements (dont 89 commercialisés en France) avec une balance bénéfices-risques défavorable.
Prescrire : les 4 nouveaux médicaments à éviter de la liste 2026
Parmi les nouveaux médicaments dans le viseur de Prescrire et repris par l’AFP, il y a le fézolinétant. Ce traitement, autorisé en Europe depuis fin 2023, offre une alternative non-hormonale contre les bouffées de chaleur liées à la ménopause. La revue médicale justifie son intégration à la liste des médicaments à éviter, car la molécule peut exposer les patientes à "des effets indésirables disproportionnés" comme des graves hépatites.
Prescrire pointe également du doigt la molécule chondroïtine (Chondrosulf) qui lutte contre l’arthrose. Il met en avant que son efficacité clinique n’a pas été prouvée et qu’il peut provoquer dans de rares cas des réactions allergiques importantes (érythèmes, urticaires, œdèmes de Quincke).
Le troisième traitement ajouté à la liste est un médicament dédié à la toux chronique et réfractaire : le géfapixant (Lyfnua). La revue le déconseille, car il augmenterait le risque de troubles du goût et de pneumonie.
Le dernier traitement déconseillé par les experts de Prescrire est une molécule non commercialisée en France : l'andexanet alfa (Ondexxya). La molécule américaine traite des hémorragies graves à l'hôpital. Mais selon l’évaluation du magazine, elle serait susceptible aussi d’augmenter les risques d’accidents thromboemboliques par rapport à des soins usuels.
Des spécialistes partagés face à certains choix
La revue médicale Prescrire présente chaque année sa liste des médicaments à éviter en mettant en avant son indépendance par rapport au secteur pharmaceutique. Si cette dernière est, en effet, reconnue par plusieurs professionnels de santé interrogés par l’AFP, certains déplorent un manque de nuance.
Ils soulignent que la revue écarte parfois des médicaments soignant des troubles où il y a peu ou pas d’autres solutions thérapeutiques. Par exemple avec le géfapixant : le Dr Laurent Guilleminault, pneumologue et allergologue au CHU de Toulouse, a expliqué à l’AFP que la toux chronique visée par cette molécule, "n’a pas d’autres traitements et est extrêmement handicapante". "Je ne pense pas que l’on puisse dire au patient : on ne vous les prescrit pas parce que vous aurez des troubles du goût". Il ajoute que les études faisant remonter un risque accru de pneumonie lui semblent peu convaincantes.
De son côté, la gynécologue Anne Gompel reconnaît qu’il faut faire preuve de prudence face au fézolinétant qui, "comme toujours quand il y a un nouveau médicament", a suscité un grand d’enthousiasme. Elle pointe du doigt notamment "une inconnue majeure sur la toxicité" compte tenu du manque de recul. Toutefois, elle remarque que ce médicament reste une réponse intéressante pour les femmes souffrant d’importantes bouffées de chaleur pour qui les traitements hormonaux sont contre-indiqués, notamment les patientes ayant eu un cancer du sein.







