Particules fines
La pollution de l’air augmente le risque de leucémie chez l’enfant
D’après une étude de l’Inserm, l’exposition aux particules fines est associée à une augmentation du risque de leucémie aiguë lymphoblastique chez l’enfant.
- Par Mégane Fleury
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- CAHKT/ISTOCK
La pollution de l’air est une menace pour la santé. Selon une étude réalisée par des chercheurs de l’Inserm, en collaboration avec l’Université Sorbonne Paris Nord, l’Université Paris Cité et INRAE et publiée dans Environmental Health, il existe un lien entre l’exposition à certains polluants atmosphériques et le risque de leucémie chez l’enfant.
Qu’est-ce que la leucémie aiguë ?
"Si le rôle de certains polluants de l’air est aujourd’hui reconnu dans certains cancers chez l’adulte, il n’est pas encore établi dans le cas des leucémies aiguës chez l’enfant", soulignent les auteurs dans un communiqué. Ces pathologies sont le type de cancer le plus fréquent chez les moins de 15 ans. Elles sont caractérisées par la prolifération incontrôlée de cellules dites hématopoïétiques immatures produites par la moelle osseuse. "Ces cellules vont alors progressivement prendre la place des cellules sanguines fonctionnelles, et les empêcher d’effectuer leurs tâches", expliquent les scientifiques. La leucémie aiguë peut prendre deux formes : la leucémie aiguë lymphoblastique (LAL) et la leucémie aiguë myéloïde (LAM).
Quel est le lien entre pollution de l'air et risque de leucémie aiguë ?
Plusieurs facteurs de risque ont été identifiés, mais l’impact de la pollution de l’air demeure un sujet de débat chez les scientifiques. Cette équipe de chercheurs s'est intéressée à l’exposition aux polluants atmosphériques au lieu de résidence à la naissance, "un indicateur considéré fiable de l’exposition que l’enfant a également pu subir in utero", précise Stéphanie Goujon, chercheuse Inserm au Centre de recherche en épidémiologie et statistiques et directrice de ces travaux.
Cette étude repose sur l’analyse des données du registre national des cancers de l’enfant en France. Les scientifiques ont comparé les informations de 581 enfants atteints de LAL et 136 enfants atteints de LAM, nés et diagnostiqués entre 2010 et 2015, avec une population contrôle de près de 12.000 enfants nés sur cette même période. En parallèle, ils se sont intéressés à différents indicateurs d’exposition dont la proximité d’un axe routier à fort trafic et le niveau d’exposition à plusieurs polluants liés au trafic : dioxyde d’azote (NO2), particules fines PM2,5 et carbone suie.
Pollution de l'air : un risque 70 % plus élevé de développer une leucémie pendant l'enfance
D’après leurs conclusions, les enfants les plus exposés aux particules fines PM2,5 présenteraient un risque 70 % plus élevé de développer une LAL, par rapport aux enfants les moins exposés. Chaque augmentation de 2 μg/m3 de la concentration en PM2,5 dans l’air serait associée à un accroissement du risque moyen de 14 %. En revanche, la présence d’un axe routier majeur à moins de 500 mètres de la résidence ne semblait pas associée au risque de développer une leucémie aiguë. "Nos travaux supportent l’hypothèse d’un rôle de l’exposition périnatale à la pollution de l’air dans la survenue de leucémie aiguë chez l’enfant, appuyant en particulier l’implication des particules fines PM2,5 dans la leucémie aiguë lymphoblastique, résume Aurélie Danjou, chercheuse Inserm et première autrice de la publication. Des études regroupant les données de davantage d’enfants pourraient aider à consolider les résultats concernant la leucémie aiguë myéloïde, mais aussi à mieux comprendre quelles sources de pollution sont à l’origine des associations et quels autres polluants pourraient jouer un rôle."








