Grossesse

Pollution in utero : un facteur de risque pour l’obésité infantile ?

L’exposition à la pollution de l’air pendant la grossesse augmente significativement le risque d’obésité chez l’enfant, selon une étude menée dans huit pays européens.

  • panchanok premsrirut / istock
  • 29 Jun 2025
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    Et si l'air que respire une future mère influençait le poids futur de son enfant ? C’est la question soulevée par une vaste étude européenne dirigée par l’Institut de santé globale de Barcelone (ISGlobal), qui met en évidence un lien entre l'exposition à la pollution atmosphérique pendant la grossesse et un risque accru de surpoids ou d'obésité chez l'enfant.

    Un lien entre particules fines et surpoids

    Publiée dans la revue Environment International, cette méta-analyse regroupe les données de plus de 37.000 couples mères-enfants issus de dix cohortes suivies dans huit pays européens. Les chercheurs ont analysé les niveaux de pollution par les particules fines (PM2.5) et le dioxyde d'azote (NO2) pendant la grossesse et l’enfance, en les recoupant avec les indices de masse corporelle (IMC) des enfants relevés jusqu’à l’âge de 12 ans.

    Le résultat est sans appel : "Une exposition accrue aux PM2.5 pendant la grossesse est associée à une augmentation de 23 % du risque de surpoids ou d'obésité chez l’enfant, notamment entre 9 et 12 ans", affirme Sarah Warkentin, chercheuse à l’ISGlobal et première autrice de l’étude, dans un communiqué. En revanche, aucune association n’a été observée pour les expositions au dioxyde d'azote ou à la pollution aux particules durant l’enfance.

    Les scientifiques avancent plusieurs pistes pour expliquer ce lien : "Des mécanismes biologiques comme le stress oxydatif, l'inflammation ou les perturbations hormonales pourraient affecter la croissance fœtale et augmenter le risque d'obésité plus tard", explique Martine Vrijheid, directrice du programme Environnement et Santé tout au long de la vie à l'ISGlobal.

    Des résultats variables selon les pays

    Les résultats, toutefois, varient selon les pays. Au Royaume-Uni, l'exposition prénatale et postnatale à la pollution était liée à un IMC plus faible, tandis qu’aux Pays-Bas, la pollution pendant l'enfance était associée à un IMC plus élevé. "Cette hétérogénéité pourrait s'expliquer par des niveaux de pollution différents, mais aussi par les modes de vie et les environnements urbains propres à chaque pays", nuance Martine Vrijheid.

    Cette étude rappelle la vulnérabilité du fœtus aux agressions environnementales. Elle souligne aussi la nécessité de réduire l’exposition à la pollution atmosphérique, notamment chez les femmes enceintes, pour préserver la santé des futures générations.

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