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La caféine peut-elle freiner le vieillissement cellulaire ?
Des chercheurs suggèrent que la caféine peut prolonger la durée de vie des cellules en agissant sur des mécanismes de stress et de réparation. Mais elle pourrait aussi être préjudiciable.

- Par Stanislas Deve
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Derrière votre troisième espresso de la journée se cache peut-être un allié inattendu du temps qui passe. Une nouvelle étude publiée dans la revue Microbial Cell révèle que la caféine pourrait influencer la façon dont nos cellules vieillissent et répondent au stress, en activant des mécanismes bien précis de réparation et de survie.
De la caféine pour prolonger la vie des cellules ?
Menée par une équipe de chercheurs de l’Université Queen Mary de Londres, l’expérimentation s’est déroulée sur des levures de fission (Schizosaccharomyces pombe), des organismes simples mais très proches des cellules humaines utilisés pour les études sur le vieillissement. Les scientifiques ont exposé ces levures à différentes formes de stress cellulaire, comme des dommages à l’ADN ou une privation de nutriments, avant d’ajouter de la caféine pour observer les réactions.
Les résultats sont intrigants : même en conditions normales, la caféine a prolongé la durée de vie des cellules. Plus surprenant encore, elle n’a pas agi de manière globale, mais en ciblant des voies moléculaires spécifiques liées à la protéine AMPK, un capteur d’énergie cellulaire. Deux protéines clés, Ssp1 et Ssp2, jouent ici un rôle central : sans elles, l'effet bénéfique de la caféine disparaît. "C’est un outil précis, pas un remède miracle", résument les chercheurs dans un communiqué.
Un éclairage sur les effets contradictoires de la caféine
Mais attention, tout n’est pas rose dans la tasse. Dans des cellules dont l’ADN est déjà endommagé, la caféine empire parfois la situation. Elle semble en effet inhiber les systèmes naturels de pause et de réparation, poussant les cellules à continuer de se diviser malgré les dégâts. "La caféine modifie la manière dont les cellules gèrent les problèmes", expliquent les scientifiques. "Selon le contexte, cela peut être utile... ou préjudiciable." Ces résultats sont également à nuancer car les travaux ont été menés sur des levures, et les doses utilisées dépassent largement celles d’un café quotidien. Néanmoins, ils offrent un nouvel éclairage sur les effets cellulaires complexes de la caféine. Elle pourrait expliquer pourquoi certaines études cliniques montrent des effets bénéfiques du café, et d’autres non...