UV

Le microbiote cutané aide à protéger la peau du soleil

Certaines bactéries de le peau participent à la protection de l'épiderme contre le soleil.

  • Albina Gavrilovic/istock
  • 15 Mai 2025
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    Et si le microbiote de la peau nous protégeait des coups de soleil ? C’est la question que s’est posée l’équipe du Dr VijayKumar Patra, PhD du Centre international de recherche en infectiologie de Lyon.

    "Nous savons depuis longtemps que les rayons UV modulent les réponses immunitaires dirigées contre les antigènes environnementaux à la surface de la peau et, plus récemment, que le microbiome cutané joue également un rôle dans la régulation de ces réponses. Ce qui nous a intrigués, c'est l'idée que certains microbes pourraient être activement impliqués, voire interférer, avec les effets des UV. Le chevauchement entre le métabolisme microbien et l'immunité de l'hôte est devenu le centre de nos recherches", explique le scientifique qui a présenté le résultat de ses recherches dans la revue Journal of Investigative Dermatology.

    Soleil : certaines bactéries cutanées réduisent le risque de cancer de la peau

    Pour étudier la réaction des bactéries cutanées aux rayons UVB, les chercheurs ont séquencé et observé le microbiote de la peau de rongeurs, tout en utilisant en parallèle des cultures bactériennes in vitro. L’équipe a ainsi remarqué que les bactéries produisant une enzyme appelée urocanase, réduisent l’activité de l'acide cis -urocanique, une molécule formée lors de l’exposition de l'acide urocanique aux UV. Or, ce métabolite est connu pour avoir une activité immunosuppressive qui prévient la suractivation et les lésions tissulaires.

    Mais en cas de forte exposition au soleil, cet effet immunosuppresseur pourrait à terme contribuer à un risque accru de cancer de la peau puisque le système immunitaire protège moins l’épiderme. Ainsi en freinant l'acide cis-urocanique, les bactéries cutanées étudiées limitent sa capacité à inhiber les réponses immunitaires. Ce qui signifie qu’elles aident à “ajuster finement la réponse de notre peau aux rayons UV”, expliquent les auteurs dans un communiqué.

    Microbiote cutané : vers de crèmes solaires plus respectueuses de la peau ?

    Les chercheurs ont également constaté que les écrans solaires, l’acide cis -urocanique et le microbiote cutané pouvaient s’affecter les uns les autres lorsqu’ils sont tous ensemble sur la cornée, la couche la plus superficielle de la peau. Par exemple, les crèmes solaires qui bloquent le rayonnement UV pour protéger les cellules cutanées de l'hôte, peuvent aussi affecter indirectement le métabolisme microbien et par effet domino les métabolites immunomodulateurs comme l'acide cis-urocanique. Ces découvertes pourraient ouvrir la voie à des protections solaires prenant en compte le microbiote ou encore à de nouveaux traitements contre les maladies cutanées.

    "C'est la première fois que nous démontrons un lien métabolique direct entre le rayonnement UV, une molécule dérivée de l'hôte, et le comportement bactérien affectant la fonction immunitaire. Avec l'intérêt croissant pour la recherche sur le microbiome et la médecine personnalisée, la compréhension de ces interactions microbe-hôte pourrait remodeler notre façon de concevoir la protection solaire, les maladies immunitaires, le cancer de la peau, voire des traitements comme la photothérapie", explique Marc Vocanson, co-chercheur.

    "Non seulement, nous protégerons la peau des rayons UV, mais nous étudierons également comment les microbes résidents peuvent modifier le système immunitaire après exposition au soleil. À l'avenir, des traitements topiques modulant le métabolisme microbien pourraient être utilisés pour minimiser, maintenir ou renforcer l'immunosuppression induite par les UV lorsqu'ils sont cliniquement bénéfiques, comme la photothérapie", ajoute son collègue Dr Peter Wolf.

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