Etude participative

Etude de l'AP-HP sur la dépression : pourquoi les hommes sont plus souvent dans le déni ?

Une étude participative vient d'être lancée par l'AP-HP pour "mieux comprendre la vie avec une dépression". Et les hommes sont particulièrement invités à y participer pour pallier la faiblesse des données les concernant à propos de cette maladie.

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  • 29 Avr 2025
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    Le mal toucherait plus de 12% des personnes en France mais il a encore ses mystères. Si de nombreuses données existent déjà sur la dépression, l'AP-HP et l'université Paris Cîté viennent de lancer une étude pour en savoir davantage. Avec un objectif particulier, collecter des données et des informations sur la dépression chez les hommes, moins documentée que chez les femmes. A l'origine de cette "curiosité", un paradoxe, souligné sur France Info par la chercheuse en santé publique, Margaux Hazan : si les épisodes dépressifs semblent plus courants chez les femmes en France, le taux de suicide est trois fois plus important chez les hommes. Une comparaison qui fait s'interroger la chercheuse sur "un possible sous-diagnostic de la dépression chez les hommes".

    Moins de dépression mais plus de suicides chez les hommes

    Une impression que confirme un article de la National Library of Medicine qui note que cette incidence de la dépression moins élevée chez les hommes "pourrait dériver de la tendance masculine à nier les malaises et à éviter d'avoir recours aux professionnels de santé comme façon de préserver leur virilité", d'où une mauvaise connaissance de la forme masculine de la maladie et, surtout, "des moyens de la déceler et de la traiter".

    Selon cet article, si la dépression, en général, sa manifeste le plus souvent par de la tristesse, de l'anxiété, du pessimisme, elle apparaitrait davantage chez les hommes à travers "irritabilité, colère, agressivité ou addictions". "Ces agissements pourraient servir de mécanisme pour dissimuler les troubles intérieurs qu'ils ressentent mais il arrive un moment où ces mesures compensatoires débouchent sur du désespoir, de l'isolement et un arrpet complet des activités normales".

    Des manifestations dépressives différentes chez les hommes

    Mais ces observations ne disent pas le "pourquoi" des différences observées entre les femmes et les hommes dans la dépression. Certes, il y a l'évidence : "Il importe de comprendre comment on enseigne aux hommes à se comporter dans nos sociétés, note l'article de la National Library of Medicine, et des études ont révélé une multitude d'idéaux masculins interdisant la sensibilité, l'expression émotionnelle et les signes visibles de la tristesse". Les manifestations "masculines" de la dépression ne seraient donc que des moyens d'auto-protection pour préserver une image "virile".

    Et si les symptômes de la dépression diffèrent selon que l'on est une femme ou un homme, il en est de même pour les causes de ce mal. Chez les hommes, toujours selon les auteurs de l'article de la NLM, l'élément déclencheur serait souvent lié au phénomène de traduction du stress en problème de deuil ou de perte. Très concrètement, "la fin d'une relation intime, la perte d'un statut social associé à l'emploi ou la réduction des prouesses physiques ou sexuelles (...) peuvent remettre en question les idéaux masculins". Des idéaux qui auraient aussi un impact sur le temps qu'il faut aux hommes lorsqu'ils rencontrent des difficultés avant de demander de l'aide.

    https://www.pourquoidocteur.fr/MaladiesPkoidoc/56-Depression-une-maladie-du-cerveau-et-de-la-pensee

    Pourquoi les hommes sont souvent dans le déni face à la dépression

    "La plupart des hommes n'aiment pas admettre qu'ils se sentent vulnérables et sont moins enclins à parler de leurs sentiments avec leurs proches, leurs amis ou leur médecin"
    , souligne l'article de la NLM. La dépression n'est ainsi pas la seule maladie face aux manifestations de laquelle les hommes font preuve de déni en raison de leur tendance "à se fier à des prises en charge par eux-mêmes". Conséquence, comme le souligne la chercheuse Margaux Hazan, "nous avons (sur la dépression) beaucoup de données sur les femmes car elles consultent plus de psychiatres et psychologues mais nous manquons d'hommes dans nos statistiques".

    Pour participer à l'étude lancée par l'AP-HP et l'université Paris Cîté afin de "pallier un angle mort de la recherche en France", il faut s'inscrire sur le site de l'AP-HP "ComPaRe" (Comnunauté de patients pour la recherche).

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    JDF