Médecine générale

Agression des médecins : 1000 actes décortiqués par l’Ordre en 2021

Plus de 1000 agressions ont été subies par des médecins en 2021. C'est ce que rapporte les l'Observatoire de la sécurité des médecins. Les généralistes sont les plus touchés. Quelles sont ces agressions ? Et pour quels motifs ? Il s'agit de mieux les gérer.

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  • 08 Sep 2022
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    Au cours de l'année 2021, 1009 agressions ont été déclarées par des médecins auprès des Conseils départementaux de l'Ordre, soit 60 de plus que l'année précédente. Les médecins généralistes sont les plus touchés : 61% des incidents déclarés les concernent alors qu'ils ne représentent que 43% du corps médical en activité. Derrière eux, se trouvent les cardiologues, les psychiatres ou encore les ophtalmologues.

    Autre fait marquant, alors que la structure de la population référente comporte autant d'hommes que de femmes, les incidents déclarés ont davantage touché ces dernières : 53% contre 47%. Les médecins sont affectés quel que soit les lieux où ils exercent, 51% des incidents ont eu lieu en centre-ville, 22% en banlieue et 21% en milieu rural.

    Les chiffres basés sur les déclarations des professionnels ont été publiés, comme chaque année, par l'Observatoire de la sécurité des médecins, un organisme créé en 2002 par le Conseil National de l'Ordre des Médecins (CNOM) pour lutter contre les violences faites aux médecins. Quelles sont les agressions les plus fréquentes ? Pour quels motifs ? Le rapport publié par l'Observatoire les détaille et le CNOM insiste sur l'importance de porter systématiquement plainte.

    Une majorité d'agressions verbales mais aussi des violences avec arme 

    Parmi le millier d'incidents déclarés, la majorité, 70%, étaient des agressions verbales ou des menaces. Une proportion en hausse constante depuis 5 ans, tout comme celles des agressions physiques qui représentaient cette année 9% des incidents déclarés. Les vols ou tentatives de vol, notamment d'ordonnances, ont quant à eux plutôt tendance à diminuer depuis quelques années.

    Concernant les agressions physiques, dans la majorité des cas (60 médecins sur les 86 concernés) il s'agissait de coups et blessures volontaires. 2% des médecins ayant subi une agression physique ont été confrontés à un agresseur armé. Dans trois cas il s'agissait d'un revolver ou d'une arme automatique, dans trois autres cas d'un couteau ou cutter et particularité des agressions médicales, certains se sont vus menacés à l'aide d'une béquille !

    L'Observatoire rapporte aussi, entre autres, 5 cas de séquestrations et 3 agressions sexuelles. Parmi l'ensemble des incidents déclarés, 58 soit 6%, ont donné lieu à une interruption de travail, dans 11 cas celle-ci a été supérieure à 8 jours.   

    « Seulement » 4% des agressions en lien avec la crise sanitaire

    Dans plus de la moitié des cas, le patient était l'agresseur du médecin et dans un peu plus d'un cas sur 10, il s'agissait d'une personne accompagnant le patient. Le motif le plus fréquent, qui a concerné plus d'un tiers des agressions, était un reproche lié à la prise en charge. Les incidents étaient aussi liés à un refus de prescription de médicaments ou d'arrêt de travail (17% des cas), à la falsification d'ordonnances ou de certificat (11%) ou encore un vol ou le « classique » temps d'attente jugé trop long.

    Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les violences ayant pour origine première la crise sanitaire ne représentent qu'une faible proportion des incidents. « Seulement » 4% des médecins victimes ont jugé que leur agression avait pour origine première la crise sanitaire, soit en raison du refus de respect des règles sanitaires ou par le fait de patients opposés à la vaccination.

    Un réflexe à développer : porter plainte

    « Plus que jamais l'Ordre des médecins appelle tous les médecins victimes d'agressions à la déclarer et à porter plainte » insiste le CNOM dans son rapport. En effet, à ce jour à peine un tiers des victimes ont déposé plainte suite à leur agression. Pourtant signaler et porter plainte permet de mieux connaître les problèmes d'insécurité, d'analyser les causes et d'agir en lien avec les pouvoirs publics, explique le CNOM.

    L’Ordre rappelle aussi que le signalement en ligne est possible, et que les conseils départementaux peuvent être « un soutien dans tout moment difficile et un appui à l'ensemble des démarches judiciaires ». Enfin un guide et une fiche pratique sont disponible en ligne pour aider les médecins à éviter et gérer les conflits.

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    JDF