Infectiologie

Vitamine D : elle ne protège pas contre la Covid-19 et les infections respiratoires

Deux larges études randomisées viennent mettre un terme à une des grandes espérances de la pandémie de Covid-19 : il n’y a aucune preuve qu’une supplémentation en vitamine D soit capable de limiter les conséquences de cette infection et des autres infections respiratoires aiguës.

  • Helin Loik-Tomson/istock
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  • 08 Sep 2022
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    Une supplémentation en vitamine D, à dose physiologique ou à forte dose, ne permet pas de prévenir une infection Covid-19 ou des infections respiratoires aiguës comme le rhume ou la grippe, même si les taux de vitamine D dans le sang sont insuffisant. C’est le message qui ressort de deux nouveaux essais cliniques de grande envergure publiés dans The BMJ. Ces études ont été réalisées avant que les vaccins ne soient largement disponibles.

    Les conclusions de ces deux études vont à l'encontre d'une étude réalisée pendant la première vague, à Mexico, où des professionnels de santé avaient reçu soit une forte dose (4 000 UI) de vitamine D par jour, soit un placebo. Les chercheurs avaient constaté des effets protecteurs de la vitamine en un mois seulement. Deux autres essais cliniques en cours devraient apporter d'autres données, mais les 2 vastes études du BMJ signent la fin de l’histoire : s’il est toujours possible de donner des doses physiologiques de vitamine D (800 UI/jour), de fortes doses apporteront plus de complications que de bénéfices.

    Deux très larges études randomisées

    La première étude randomisée, réalisée au Royaume-Uni au plus fort de la pandémie, a donné à 3100 personnes avec des taux insuffisants de vitamine D une dose faible (800 UI/jour) ou élevée (3200 UI/jour) de cette vitamine pour voir si la supplémentation pouvait prévenir une infection par le SARS-CoV-2 ou un autre virus respiratoire.

    Cet apport en vitamine D, quelle que soit la dose, n'a pas entraîné de réduction du risque d'infections respiratoires aiguës toutes causes confondues, ni du risque d’infection à SARS-CoV-2, ni de la gravité de la Covid-19, selon l'auteur de l'étude, le Pr Adrian Martineau, de l'Université Queen Mary de Londres, lui-même auteur d’une précédente méta-analyse en faveur de la vitamine D dans cette indication.

    Le deuxième essai clinique, randomisé en double aveugle, également réalisé pendant la pandémie, a permis de donner à plus de 34 000 Norvégiens de l'huile de foie de morue ou un placebo pour tester l'impact de la vitamine D sur la Covid-19 et la prévention des maladies respiratoires. L'huile de foie de morue contient de faibles doses de vitamine D, ainsi que de la vitamine A et des acides gras oméga-3 et est couramment utilisée en Norvège.

    Chez les 17 278 norvégiens qui ont pris une cuillère d’huile de foie de morue (correspondant à 10 microgrammes de vitamine D) chaque jour, ce supplément de vitamine D n'a pas permis de prévenir les infections par les SARS-CoV-2, les formes graves de la Covid-19 ou les infections aiguës symptomatiques des voies respiratoires, selon l'auteur de l'étude, le Pr Arne Søraas, de l'hôpital universitaire d'Oslo en Norvège.

    Une vitamine D au rôle complexe

    La principale fonction de la vitamine D est d'aider l'organisme à absorber le calcium et le phosphore, ce qui permet de renforcer les os et les muscles. Cependant, la vitamine D aurait aussi un impact sur le système immunitaire avec un éventuel impact positif sur la capacité de l’organisme à lutter contre les infections bactériennes et virales. Un rôle positif sur les maladies auto-immunes a également été évoqué.

    Des études ont ainsi montré qu'une carence en vitamine D affaiblirait les défenses immunitaires, et certaines études ont révélé que la supplémentation en vitamine D pourrait réduire le risque d'infections par des virus respiratoires voire calmer la réaction excessive du système immunitaire au cours des maladies auto-immunes.

    Au cours des premiers jours de la pandémie, les médecins généralistes mexicains avaient remarqué que les personnes ayant des niveaux plus faibles de vitamine D semblaient avoir un risque plus élevé de mourir de Covid-19, les spéculations selon lesquelles la prise de vitamine D empêcherait les infections à SARS-CoV-2 s’est propagée comme une trainée de poudre sur internet, conduisant à l’ingestion sans contrôle de doses trop élevées de vitamine D.

    Une fois encore, les spéculations et les méta-analyses ont eu tort, les études randomisées réduisent le rôle de la vitamine D à ce qu’elle est, une vitamine essentielle au métabolisme phosphocalcique, mais dont le rôle immunitaire est nul contre les infections aiguës. Reste à savoir s’il persiste un rôle de la vitamine D pour réduire les maladies auto-immunes, même si une étude randomisée récente est en faveur de ce bénéfice.

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    JDF