Neurologie
Alzheimer : une co-infection des virus de l'herpès et de la varicelle en cause ?
Le virus varicelle-zona pourrait être responsable d'une réactivation du virus de l’herpès conduisant à une maladie d’Alzheimer, un 2ème exemple de co-infection virale avec les hépatites infantiles.
- Dr_Microbe/istock
50 millions. C'est le nombre de personnes atteintes de démence dans le monde. Dans 60 à 70% des cas, la maladie d’Alzheimer serait en cause, mais les scientifiques peinent à déterminer les raisons exactes de l’apparition de la pathologie.
Une équipe de recherche britannique pointe la responsabilité d'une co-infection de plusieurs virus. Dans leurs travaux, parus dans la revue spécialisée Journal of Alzheimer’s Disease, les chercheurs montrent qu’une activation du virus de la varicelle-zona, pourrait déclencher celle du virus de l’herpès et provoquer une accumulation des protéines Tau et amyloïdes, l’une des caractéristiques de la maladie d’Alzheimer.
Un cerveau "artificiel"
Pour comprendre la relation de cause à effet entre ces 2 virus banals et la maladie d'Alzheimer, les auteurs ont recréé des environnements semblables à celui du cerveau dans de petites éponges de 6 millimètres de large grâce à des protéines de soie et de collagène.
Des cellules souches neuronales ont été implantées dans ces structures et se sont développées pour devenir des neurones fonctionnels, capables de se transmettre des signaux en réseau, exactement comme les neurones dans le cerveau.
Une interconnexion des virus
Les chercheurs ont découvert que les neurones développés dans ce tissu cérébral pouvaient être infectés par le virus varicelle-zona (VZV), sans que cela conduise à la formation des protéines tau et bêta-amyloïde, liées à la maladie d’Alzheimer. En revanche, lorsque les neurones renferment déjà le virus de l’herpès (HSV-1), l’infection par le virus varicelle-zona entraîne une réactivation du HSV-1, et une "augmentation spectaculaire des protéines tau et bêta-amyloïde", et un ralentissement des signaux neuronaux.
Selon David Kaplan, l’un des auteurs de l’étude, le virus varicelle-zona est cliniquement connu pour sa capacité à provoquer une inflammation du cerveau, "ce qui pourrait éventuellement entraîner l'activation du HSV dormant et une augmentation de l’inflammation", souligne-t-il.
Des virus a priori inoffensifs
Or le virus de l’herpès et le virus varicelle-zona sont tous deux très courants. Selon les autorités sanitaires américaines, un Américain sur deux est porteur du virus de l’herpès (HSV-1), sous une forme "dormante". Quant au virus varicelle-zona, environ 95% des personnes ont été infectées avant l'âge de 20 ans. "Beaucoup de ces cas se manifestent par la varicelle", précisent les auteurs. Ce virus peut aussi rester dans l’organisme sous forme "dormante".
Dana Cairns, co-auteur de la recherche, compare l’action de ces deux virus à un "coup double", et souligne que ce sont "deux virus qui sont très courants et généralement inoffensifs", mais lorsque l’un réactive l’autre, alors cela peut engendrer des "problèmes".
Pour autant, des solutions sont sur le point d’être trouvées. D’autres études auraient démontré l’intérêt du vaccin contre le virus varicelle-zona dans la prévention de la démence : la vaccination réduit considérablement le risque. "Il est possible que le vaccin aide à arrêter le cycle de réactivation virale, d'inflammation et de dommages neuronaux", estiment les auteurs.








