Pneumologie

L’asthme serait un facteur de risque d’obésité

Une vaste étude de cohorte menée sur une longue durée a démontré l’effet à long terme de l’asthme sur le développement d’une obésité. Les auteurs se sont également penchés sur l’impact de l’atopie et de la corticothérapie orale dans l’explication de ces résultats. D’après un entretien avec Laurent GUILLEMINAULT.

  • 30 Jun 2022
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    Une étude européenne, dont les résultats sont parus dans Thorax, en mai 2022, a cherché à démontrer que l’asthme pouvait représenter un facteur de risque d’obésité sur le long terme. Il s’agit d’une étude de cohorte au cours de laquelle 5000 patients s=issus de la cohorte ECRHS ont été inclus. Ils ont bénéficié de trois évaluations dans le temps : une première é valuation entre 1990 et 1994, une seconde entre 1999 et 2003 et enfin une troisième entre 2010 et 2014. Les participants ont répondu à des questionnaires sur l’asthme, l’atopie, leur traitement. Les sujets déjà obèses, c’est-à-dire avec un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 30 au démarrage de l’étude ont été exclus. Le nombre de patients ayant un IMC supérieur à 30 à la fin de l’étude ont été dénombrés et leurs critères analysés.

    Une étude robuste

    Le professeur Laurent GUILLEMINAULT, pneumologue et allergologue au Centre Hospitalier Universitaire de Toulouse, explique que cette étude, parue dans Thoras, revue de très bon niveau, est intéressante car on sait déjà que l’obésité est un facteur de risque d’asthme mais l’inverse est-il vrai ? Il souligne que la robustesse de cette étude réside essentiellement dans sa durée supérieure à 30 ans même si elle présente les limites d’une étude observationnelle, fondée sur du déclaratif. En effet, l’observance des traitements par les patients n’est pas évoquée. Quoi qu’il en soit, Laurent GUILLEMINAULT souligne que les résultats sont intéressants car ils montrent que l’obésité chez les patients asthmatiques n’est pas seulement due à la corticothérapie orale, comme on aurait pu l’imaginer. Il relève également que cette obésité liée à l’asthme est équivalente entre les deux sexes.

    Un rôle de l’atopie et de la corticothérapie orale ?

    Laurent GUILLEMINAULT souligne que l’intérêt de ce travail est d’être allé plus loin en recherchant de facteurs associés tels que l’atopie, la durée de l’asthme ou encore la consommation de corticoïdes inhalés ou oraux. Les résultats de ce travail ont montré que les patients non-atopiques présentaient un surrisque de développer une obésité, de même que ceux qui sont asthmatiques depuis plus de vingt ans ou encore ceux qui ne consomment pas de corticothérapie inhalée. Concernant la corticothérapie orale, le risque d’obésité est très significativement augmenté chez les patients traités par corticoïdes oraux. Toutefois, les patients n’étant pas traités par corticothérapie orale présentent un risque de 15% de développer une obésité, ce qui reste significatif.

    En conclusion, l’asthme représente un risque de développer une obésité, d’autant plus qu’il évolue sur le long terme, qu’i concerne des patients qui ne sont pas atopiques et qui sont traités par corticothérapie orale. Cette dernière n’est donc pas seule responsable...

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    JDF