Pneumologie

BPCO : un signal potentiellement positif chez les patients éligibles à la réduction de volume

Une étude hollandaise a monté que, chez les patients atteints de BPCO éligibles à une réduction de volume, un bénéfice sur la survie pourrait être observé. Cependant, il s’agit d’une étude rétrospective dont les résultats, même s’ils envoient un signal positif, sont à analyser avec prudence. D’après un entretien avec Gaétan DESLEE.

  • 16 Jun 2022
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    Une étude, dont les résultats sont parus en avril 2022, dans Respiratory Medicine, a cherché à démontrer l’effet positif de la réduction du volume pulmonaire sur la survie des patients atteints de BPCO. Il s’agit d’une étude hollandaise, effectuée dans le Centre de Groningen, qui est un centre de référence européen pour la réduction du volume pulmonaire par voie endo bronchique. Il s’agit d’une étude rétrospective au cours de laquelle les auteurs ont comparé 483 patients (soit 33% des patients inclus) qui ont bénéficié d’une réduction de volume pulmonaire à 988 patients qui n’en ont pas bénéficié, en fonction de critères de fonction respiratoire et de sévérité de l’emphysème. Ils ont ensuite analysé la survie globale en travaillants sur des données de registres hollandais, qui fournissaient la date de décès des patients.

    La survie semble améliorée chez certains patients

    Le professeur Gaétan DESLEE, chef du service de pneumologie du Centre Hospitalier universitaire de Reims, explique que les résultats de cette étude suggèrent qu’il y a peut-être une amélioration avec un bénéfice en termes de survie, chez les patients BPCO ayant bénéficié d’une réduction de volume pulmonaire, puisque les sujets traités ont eu une médiane de survie de 8,6 ans versus 7,4 en population globale et 6,9 ans chez les sujets non traités. Il précise que les patients ont été suivis sur plusieurs années et que 35% d’entre eux étaient décédés au moment de l’analyse des résultats. Gaétan DESLEE relève également que deux critères importants ont été évalués et que les patients traités ont eu moins d’exacerbations et avaient un volume résiduel plus élevé que les autres. Il explique donc que pour une population considérée, de patients très sévères avec des comorbidités et un VEMS moyen de 27%, quelle que soit la technique de réduction utilisée (coils ou valves), la survie semble améliorée. En analyse multivariée, la réduction de volume respiratoire semble être le facteur indépendant le plus associé à la survie des patients.

    Des résultats à analyser avec prudence

    Gaétan DESLEE précise que, même si le signal est positif, il ne faut pas tirer de conclusions trop hâtives des résultats de cette étude. En effet, il s’agit d’une analyse rétrospective dont les résultats sont issus d’un centre d’excellence ne la matière. D’autre part, il souligne que l raison pour laquelle certains sujets n’ont pas été éligibles à la réduction de volume n’est pas connue : étaient-ils trop sévères ? Ont-ils refusé ? Gaétan DESLEE relève également que le critère de positivé était seulement la       survie globale mais on ne connait pas les causes des décès ni l’impact sur la qualité de vie des patients. L’efficacité de la réduction de volume par valves ou par coils a été examinée de la même manière pour les deux techniques alors qu’elles n’ont ni les mêmes indications ni les mêmes complications. Il est donc difficile de conclure avec certitude.

    En conclusion, ces résultats sont positifs car chez les patients sévères, la réduction de volume n’est pas associée à des complications augmentant la mortalité et la survie globale semble légèrement allongée mais ceci reste à prendre avec prudence avant de nouvelles études sur le sujet.

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    JDF