Pneumologie

 Pollution : abaisser les seuils le plus possible

Une très volumineuse étude européenne a montré que les faibles niveaux de pollution, même lorsqu’ils sont inférieurs aux valeurs recommandées, ont un effet négatif sur la santé.  Ces résultats confirment la tendance de l’OMS à diminuer de plus en plus les seuils de pollution acceptables. D’après un entretien avec Bruno HOUSSET.

  • 19 Mai 2022
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    Une étude, dont les résultats sont parus en mars 2022 dans le Lancet Planetary Health, a fait le point sur les risques en matière de mortalité de l’exposition à long terme à de faibles concentrations de pollution atmosphérique. Il s’agit d’une étude longitudinale multicentrique ayant inclus 28 millions de participants, issus de sept grandes cohortes européennes (Belgique, Danemark, Angleterre, Pays-Bas, Norvège, Italie et Suisse). Cette étude s’inscrit dans le cadre du projet ELAPSE (Effects of Low-Level Air Pollution: A Study in Europe). Les auteurs ont étudié le registre de mortalité des sujets entre 2011 et 2017 pour en examiner les causes, en éliminant les causes accidentelles et avec comme critère de jugement principal la mortalité cardio vasculaire, respiratoire non maligne et par cancer du poumon. L’exposition au particules fines, au dioxyde d’azote, au carbone suie et à l’ozone ont été évaluées par des modèles de régression en fonction du lieu de résidence. Des sous-groupes de sujets ont été réalisés en fonction de la concentration de polluants auxquels ils sont exposés.

    Une étude volumineuse et solide

    Le professeur Bruno HOUSSET, pneumologue au Centre Hospitalier Intercommunal de Créteil et président de la Fondation du Souffle, souligne la très grande qualité de cette étude qui a inclus un très grand nombre de participants. Il précise que les auteurs ont réalisé un travail impressionnant en termes de méthodologie en s’appuyant sur les registres européens. En effet, pas moins de 28 millions de sujets nt été inclus et les causes de mortalité ont toutes été déterminées entre 2011 et 2017. Bruno HOUSSET estime qu’il est difficile d’émettre des critiques à un travail d’une telle ampleur.  Parmi les sujets inclus plus de 3,5 millions sont décédés de cause non accidentelle et les auteurs ont trouvé des associations positives entre la mortalité non accidentelle et la concentration en particules fines, en dioxyde d’azote et en carbone suie.

    Une nécessité de diminuer les seuils de pollution au plus bas

    Bruno HOUSSET explique que les résultats de ce travail confortent les modifications de seuils proposés par l’OMS, qui n’a de cesse que diminuer les seuils acceptables de pollution atmosphérique.  Il précise que ceci prouve qu’il n’y a pas d’effet seuil sur le rôle de la pollution sur la morbidité et la mortalité. Plus l’air est propre, mieux c’est. Bruno HOUSSET insiste sur le fait que, même à petite dose, la pollution peut tuer. Cette étude ne s’est penchée que sur la mortalité mais il a y lieu de penser que les résultats seraient les mêmes en matière de morbidité. Pour Bruno HOUSSET, il est donc nécessaire de faire descendre les seuils de pollution le plus bas possible, car si les résultats de cette étude retrouvent une odds ratio très faible, il n’en est pas moins significatif.

    En conclusion, il est absolument nécessaire d’abaisser au maximum les seuls de pollution atmosphériques acceptables, car même a de faibles niveaux ils ont un effet délétère sur la santé et augment significativement le taux de mortalité. L’OMS va dans ce sens mais de gros efforts sont encore à réaliser...

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    JDF