Pneumologie

COVID : un syndrome post traumatique beaucoup plus sévère qu’avec les autres SDRA

La fréquence du syndrome post-traumatique dans l'entourage familial de sujets atteints de SDRA lié au COVID est plus élevée que pour les autres causes de SDRA. L’impact est aussi beaucoup plus grave non seulement pour les familles mais aussi pour les soignants. D’après un entretien avec Elie AZOULAY. 

  • 10 Mar 2022
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    Une étude, dont les résultats sont parus en février 2022 dans le JAMA, a cherché à déterminer l’effet sur le stress post traumatique des hospitalisations en réanimation pour SDRA lié au COVID par rapport à l’effet causé par les SDRA liés à d’autres causes. Il s’agit d’une étude prospective de cohorte, ayant eu lieu au sein de 23 unités de soins intensifs français, entre janvier 2020 et octobre 2020. Les patients ayant survécu au SDRA lié au COVID après un séjour en réanimation et leurs familles ont été interrogés et leurs réponses ont été comparées à celles données par des patients et des familles ayant subi un SDRA lié à une autre cause.

    SDRA lié au COVID : un modèle particulier

    Le professeur Elie AZOULAY, chef du service de Réanimation Médical de l’Hôpital Saint-Louis à Paris, rappelle que les adultes ayant survécu à un séjour en réanimation après un SDRA, toutes causes confondues, n’en sortent pas indemnes et le syndrome post-réanimation est très fréquent avec ses manifestations à la fois physiques, psychiques et émotionnelles. Ce syndrome est connu depuis un e quinzaine d’années. Elie AZOULAY insiste sur son impact sur les familles puisque le séjour en réanimation à pour effet de réduire le périmètre de vie de tous les proches.  Il souligne que le SDRA lié au COVID représente un modèle particulier car il survient dans un contexte brutal, d’épidémie majeure avec une sensation de mort imminente, alors même que les familles sont privées de visites. Les familles présentent davantage de syndromes dépressifs, que leur proche soit décédé ou non. Elie AZOULAY salue qu’un budget ait été alloué pour réaliser cette recherche qui permet de mettre en lumière une des multiples conséquences, et non la moindre, du SDRA lié au COVID.

    Un impact majeur sur les familles et les soignants

    Elie AZOULAY explique que les syndromes dépressifs des familles sont aggravés lorsque le patient est décédé, et qu’elles n’ont pas pu se rendre en réanimation, au chevet de leur proche, soit parce qu’elles sont loin, ont peur du COVID ou sont infectées par le COVID. Il insiste sur le fait qu’il ne faut plus jamais empêcher les familles de voir un proche en réanimation et que rien ne mérite une telle cruauté. Elie AZOULAY souligne également qu’il est nécessaire de rendre hommage aux équipes soignantes qui ont mis en œuvre beaucoup de moyens  pour maintenir le lien entre la patient, la famille et les équipes soignantes, grâce aux moyens de communications permettant, par exemple, la mise en place de discussions vidéos. Il évoque également l‘impact que l’absence de visites a eu sur les soignants. En effet, la famille est le seul lien avec un patient endormi et l’aide qu’elle peut apporter est d’une importance capitale. Elie AZOULAY rappelle que plus d’un million de personnes par an rendent visite à des patients hospitalisés en réanimation et la crise du COVID a permis de poser une loupe sur cette aspect de la réanimation, pas suffisamment pris en compte.

    En conclusion, les soignants et les familles ont fait preuve d’une solidarité merveilleuse pendant la crise du COVID mais la leçon à tirer de cette expérience est qu’il ne faut plus jamais fermer la porte des services de réanimations aux proches des patients hospitalisés.

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    JDF