Infectiologie

Variant Omicron : des infections moins graves selon 2 études sérieuses

Beaucoup plus contagieux que les précédents, le variant Omicron provoquerait des infections probablement moins graves selon les 2 premières études bien documentées, un mois après son apparition en Grande Bretagne.

  • Andrea Vumbaca/istock
  • 23 Déc 2021
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    À l’heure où les hôpitaux français sont submergés par la vague hivernale liée au variant Delta et où les contaminations au variant Omicron sont en passe de dépasser celles du variant Delta, 2 études britanniques apportent l’espoir que les taux de contamination stratosphériques observés actuellement en Grande-Bretagne et en France avec ce nouveau variant ne se traduisent pas forcément par une explosion des formes graves.

    Bien sûr, il faut encore rester prudent car ces données concernent les évolutions à 10 à 20 jours des premiers cas d’infection à variant Omicron, infections qui ont touché initialement surtout les jeunes britanniques, en majorité vaccinés ou déjà infectés.

    Cela ne nous exonère donc pas de mesures urgentes et efficaces de réductions des contaminations car un faible pourcentage d’un beaucoup plus grand nombre d’infections peut représenter encore beaucoup d’hospitalisations…

    Tout ne repose pas sur les anticorps

    Depuis la découverte du variant Omicron en Afrique australe fin novembre 2021, les scientifiques s'efforcent de savoir s'il provoque une maladie plus grave que les autres variants, et si oui, chez qui. Les nouvelles études suggèrent que ce variant pourrait avoir des caractéristiques biologiques qui le rendent un peu moins dangereux que le variant Delta, celui qui a provoqué la pandémie de l'été jusqu’à aujourd'hui.

    Mais, l’éventuelle limitation du risque d'hospitalisations liées au variant Omicron observée en ce moment en Grande-Bretagne peut également être due en grande partie à l'immunité de sa population (plus de 30 millions de 3ème doses). En effet, un grand nombre des personnes infectées par le nouveau variant étaient déjà protégées contre une forme grave de la maladie, soit en raison d'une infection antérieure, soit en raison d’une vaccination.

    Si ce variant peut échapper aux anticorps des infections précédentes et proliférer dans l'organisme, il n'est peut-être pas en mesure d'échapper aux réponses immunitaires cellulaires, plus lentes mais qui préviennent les maladies graves.

    Réduction des deux-tiers du risque d’hospitalisation

    En Écosse, les chercheurs ont examiné les cas d’infections avec les variants Delta et Omicron en novembre et décembre 2021, en regardant combien de patients infectés par chaque variant ont été admis à l'hôpital.

    Selon les chercheurs, les infections avec le variant Omicron seraient associées à une réduction des deux tiers du risque d'hospitalisation par rapport à celles liées au variant Delta, mais la montée en flèche des contaminations à Omicron signifie que même si ces résultats préliminaires sont confirmés, ce variant entraînera quand même l'hospitalisation d'un grand nombre de personnes très rapidement.

    Autre élément positif, les chercheurs écossais confirment que le rappel par une 3ème dose de vaccin 6 mois après la 2ème réduirait de 57% le risque d’infection symptomatique.

    Réduction des formes graves surtout chez les vaccinés

    Une équipe de chercheurs de l'Imperial College de Londres a comparé les cas d’infection avec les variants Omicron et Delta au cours des deux premières semaines de décembre : ils rapportent une réduction de 20 à 25% des visites à l'hôpital et de 40 à45% des hospitalisations des patients infectés par le variant Omicron par rapport à ceux infectés par le variant Delta. Une réduction également nette, bien que plus faible que celle constatée par leurs collègues écossais.

    L'équipe a, par ailleurs, pu distinguer les effets de l'infection par le variant Omicron en fonction des différentes catégories de personnes : les personnes vaccinées, celles qui avaient déjà été infectées ou celles qui n'étaient pas du tout immunisées. Les chercheurs anglais confirment la suggestion des chercheurs sud-africains selon laquelle l'immunité acquise contribuait à rendre les infections par le variant Omicron moins graves en moyenne.

    Des résultats encore préliminaires

    La différence entre les résultats des études anglaise et écossaise peut également être due en partie à aux différences de ce qui a été mesuré. L'équipe de l'Imperial College London a inclus les personnes qui venaient consulter à l'hôpital, en plus de celles qui devaient être hospitalisées pour une maladie plus grave. Les chercheurs écossais n'ont examiné que les admissions à l'hôpital.

    Bien sûr, les deux équipes de scientifiques ont averti que leurs résultats étaient encore préliminaires, mais avec le remarquable travail de séquençage des variants réalisé par les britanniques, ce sont les données les plus avancées et les plus fiables dont nous disposons actuellement.

    Nous avons bien sûr encore besoin de données plus matures, sur de plus grands nombres de malades et de savoir ce que donne une infection avec le variant Omicron chez les personnes âgées qui pourraient être à risque d'hospitalisation.

    Le risque est grave pour les non-vaccinés

    Concernant les personnes non-vaccinées, du fait du très haut niveau de contamination du variant Omicron, l’hiver s’annonce assez sombre. Le Pr William Hanage, épidémiologiste à l'école de santé publique de Harvard, a déclaré au New York Times que les nouveaux résultats montrent clairement que les personnes non vaccinées, et qui n’ont pas encore eu la Covid-19, sont particulièrement à risque de formes graves.

    Le variant Omicron se propageant de façon incroyablement rapide, il y a de fortes chances qu'elles soient infectées dans les semaines à venir, selon lui. Si tel est le cas, elles n'auront aucune immunité pour atténuer la violence de l'infection. Avec plusieurs millions d'adultes non-vaccinés en France, on doit craindre pour hôpital qui au bord de la rupture, sauf si l’on dispose d’antiviraux spécifiques.

    Un pic déjà atteint dans certains pays

    Pourtant, la nouvelle vague Covid-19 liée au variant Omicron semble tellement explosive qu’elle pourrait être de courte durée. C’est en tout cas ce qu’annonce l’Afrique du Sud, où les premiers cas d’infections avec le variant Omicron ont été découverts et où l’épidémie semble déjà avoir dépassé son pic. C’est aussi ce que l’on semble observer en Allemagne actuellement, mais après la mise en place de mesures de distanciation fortes.

    En France, les Pouvoirs Publiques veulent privilégier le maintien des activités culturelles, éducatives et de loisir au moment des fêtes mais celles-ci exposent une large partie de la population à se contaminer alors que la suspension de tous les rassemblements publics de masse et en intérieur en Allemagne s’accompagne d’une nette baisse des taux d’incidence.

    Étant donné que le variant Omicron est désormais ubiquitaire et qu’il est incroyablement transmissible, tout ce qui est en faveur d’une réduction des contaminations serait bon à prendre pour les hôpitaux… et la société. Si tous les contaminés, même non hospitalisés, vaccinés ou pas, s’isolent pour plus de 10 jours, je ne vois pas très bien comment la société française va tourner dans les prochaines semaines.

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    JDF