Douleur chronique
Antalgiques opioïdes : les overdoses existent aussi
A l’occasion de la « Journée de sensibilisation à l’overdose », le 31 août, Fréquence Médicale fait un point sur la surconsommation croissante des antalgiques opioïdes. Responsables de nombreux décès, les antalgiques opioïdes sont devenus un problème de santé publique aux USA et dans le monde.
- Omennn/epictura
Les décès de Prince ou de Michael Jackson ont mis en lumière ce qui est en réalité une véritable épidémie aux Etats-Unis et dans d’autres pays : les antalgique opioïdes y sont devenus de prescription très (trop) courante.
Initialement destinés aux malades souffrant de douleurs sévères comme ceux atteints de cancer, ces antalgiques ont été prescrits de façon plus large depuis le début des années 2000 aux USA, par exemple dans les douleurs rachidiennes sévères. En 2013, ils y figuraient sur plus de 250 millions d'ordonnances et les abus aux médicaments opioïdes y seraient 10 fois plus fréquents que les abus à l’héroïne.
Les autorités de santé américaines luttent contre cette épidémie en encadrant depuis 2014 la prescription d’oxycodone et en publiant récemment des recommandations de prescription des médicaments opioïdes.
Des malades devenus « accros »
Diffusé par les « Pain Clinics » et les « Spine Centers », dont certains états américains se sont fait une spécialité, ces analgésiques à base de codéine, d’oxycodone ou d’hydrocodone ont rapidement généré des problèmes de dépendance dans toutes les catégories de la population.
Mais, faute de pouvoir toujours se procurer des médicaments, la surconsommation de ces antalgiques opioïdes a en outre poussé de nombreux malades, devenus dépendants, à se tourner vers d’autres drogues. C’est le cas, en particulier, des opioïdes de synthèse, comme le fentanyl. Celui-ci est 50 fois plus puissant que l’héroïne et il est désormais vendu par des dealers, avec tous les risques que ce type de « commerce » comporte.
Une étude pour mieux comprendre ces abus
Face à la part majeure des antalgiques opioïdes dans la survenue des overdoses aux USA (72% des overdoses médicamenteuses en 2012 selon les CDC), une étude s’est intéressée aux survivants d’une overdose aux médicaments opioïdes et à leur famille pour analyser les facteurs de risque et les signes évocateurs de cette dépendance.
Dans une série de 87 malades pris en charge dans différents systèmes de soins, il apparaît que les malades qui ont eu une overdose aux opioïdes médicamenteux sont coutumiers d’une sur-utilisation, ainsi que d’une mauvaise utilisation, de différents médicaments. Ils ont souvent des douleurs chroniques et un retentissement psychique et physique de l’abus de ces médicaments opioïdes. Enfin, ils sont souvent, familialement ou socialement, en voie de désinsertion. La plupart des overdoses impliquent plusieurs médicaments, dont fréquemment des benzodiazépines.
Facteurs de risque des overdoses aux opioïdes
Les overdoses accidentelles sont le plus souvent liées à un surdosage ou une mauvaise utilisation des antalgiques opioïdes, le plus souvent dans le cadre de la prise en charge inadéquate d’une douleur chronique, et moins souvent en raison d’une erreur de maniement. Les tentatives de suicides sont fréquentes, le plus souvent en rapport avec des évènements de vie négatifs.
Pour dépister activement les malades à risque d’overdose aux médicaments opioïdes, les auteurs de l’étude conseillent d’identifier les malades qui consomment de façon prolongée des substances opioïdes, médicamenteuses ou illégales, et de rechercher une altération récente des cognitions, des changements du mode de vie, un état psychosocial à risque et une douleur chronique.
Un élément critique pour éviter les overdoses, d’autant que des solutions thérapeutiques et des circuits de soins performants existent en France.








