Rhumatologie

Polyarthrite rhumatoïde : risque de récidive d'un cancer non-cutané faible sous biothérapie

Une analyse rétrospective montre que les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde et ayant des antécédents de cancer n’auraient pas plus de risque de nouveaux cancers, ou de récidive de leur cancer, lorsqu'ils sont traités par des biothérapies... sauf pour les cancers cutanés

  • Chaichan Pramjit/istock
  • 29 Sep 2021
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    Chez les polyarthrites rhumatoïdes (PR) ayant déjà eu un cancer et traitées par une biothérapie (un anti-TNF, du rituximab, du tocilizumab ou de l'abatacept), le risque relatif de nouveaux cancers serait de 1,09 (IC à 95% : 0,92-1,29, P=0,31) par rapport à des patients comparables mais n'ayant pas reçu de biothérapie. Cette étude rétropective est publiée dans Arthritis Care & Research.

    Les données ne diffèrent pas selon les différents types de biothérapies et les différents types de cancers (sein, col), hors cancer de la peau (RR=1.32 ; IC à 95% [1.02-1.72], p=0.04) et une seule étude ne se soit focalisée sur le mélanome.

    Large méta-analyse

    La méta-analyse comprend 12 études observationnelles rétrospectives de patients atteints de PR. La majorité de ces malades a été traitée par des anti-TNF avec un petit nombre ayant reçu de l'abatacept, du rituximab, du tocilizumab ou d'autres biothérapies.

    Le suivi des plus 7000 patients de cette méta-analyse a duré en moyenne de 3,9 à 6,8 ans, et le délai entre la rémission du cancer initial et le début du traitement par la biothérapie varie entre 6 mois et 7,9 ans.

    Une revue systématique

    Szafors et al. ont effectué une revue systématique des études publiées jusqu'en 2020, incluant initialement les patients atteints de PR, de rhumatisme psoriasique et de spondylarthrite ankylosante et ciblant également les agents synthétiques tels que les inhibiteurs de JAK.

    Les données étant toutefois trop limitées pour les rhumatismes inflammatoires non-PR ou pour les médicaments synthétiques l'analyse s'est au final focalisée sur la PR et les biothérapies. La méta-analyse a été réalisée sur 12 études qui répondaient aux critères d’inclusion.

    Des limitations

    Il s’agit d’une analyse observationnelle et rétrospective. La plupart des études évaluées n'ont pas fait état du stade des tumeurs malignes ou de l'activité de la PR, et une seule a fourni des données sur le tabagisme, un facteur de risque établi pour de nombreux types de cancer.

    Mais parmi les études de cohorte inclues dans cette analyse, représentant un total de 1 930 patients recevant des produits biologiques et de 5 630 patients sans traitement biologique, il y a peu d'hétérogénéité statistique.

    Un risque naturel de cancer

    Les patients souffrant de PR ont traditionnellement un risque nature accru de cancer, en particulier de lymphomes et de cancer du poumon. Les biothérapies ayant un impact net sur l’activité du système immunitaire, les médecins ont longtemps craint que ces médicaments n'augmentent le risque de cancer.

    Bien que les données de sécurité des études randomisées avec ces biothérapies n'aient pas détecté d'augmentation de l'incidence des cancers chez les patients atteints de PR sans antécédents de cancer, la plupart des études randomisées ont exclu de facto les malades avec des antécédents de cancer.

    On sait donc assez peu de choses sur les risques de récidive ou de nouveaux cancers chez les PR sous biothérapie et cette étude, bien que limitée, est plutôt rassurante.

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    JDF