Rhumatologie
Douleurs chroniques : les antidépresseurs auraient un impact très limité
Le bénéfice des antidépresseurs sur la douleur chronique semble modeste dans une revue systématique des études testant leur intérêt dans les douleurs d’origine rachidienne ou arthrosiques.
- Povozniuk/istock
Les antidépresseurs sont beaucoup utilisés dans le traitement des douleurs rachidiennes (avec ou sans symptômes radiculaires) et arthrosiques (de la hanche et du genou), mais les preuves de leur efficacité restent incertaines.
Publiée dans le BMJ, une revue systématique des essais contrôlés et randomisés comparant l'efficacité ou la tolérance d’un antidépresseur par rapport à un placebo a été réalisée chez des personnes souffrant de douleurs lombaires ou cervicales, de sciatique ou d'arthrose de la hanche ou du genou. Le bénéfice clinique semble très modéré, sauf dans la sciatique, mais le niveau de preuve y est faible.
IRSNA : effet non cliniquement significatif
Les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSNA) réduisent très modérément les douleurs lombaires (différence moyenne -5,30, IC 95% -7,31 à -3,30) entre 3 et 13 semaines (sur une échelle de la douleur de 0 à 100). Concernant les douleurs liées à l'arthrose, la magnitude de l’effet est du même ordre (-9,72, -12,75 à -6,69) entre 3 et 13 semaines, c’est-à-dire non cliniquement significatif.
Vis-à-vis des douleurs sciatiques, l’effet des IRSNA est significatif à deux semaines ou moins (-18,60, -31,87 à -5,33) mais pas entre 3 et 13 semaines (-17,50, -42,90 à 7,89).
Antidépresseurs tricycliques : intérêt dans la sciatique
Les antidépresseurs tricycliques ne réduisent pas significativement les douleurs de sciatique à deux semaines ou moins (-7,55, -18,25 à 3,15), mais la réduction devient significative dans la période 3 à 13 semaines (-15,95, -31,52 à -0,39) et la période 3 à 12 mois (-27,0, -36,11 à -17,89), validant le délai d’action de ces molécules sur la douleur. Cependant, le niveau de preuve reste faible du fait de la puissance insuffisante des études analysées.
Modeste réduction du handicap
Des études de puissance modérée montrent que les IRSNA réduiraient le handicap secondaire aux lombalgies entre 3 et 13 semaines (-3,55, -5,22 à -1,88) et celui secondaire à l'arthrose à deux semaines ou moins (-5,10, -7,31 à -2,89), avec des niveaux de preuve faibles sur la période 3 à 13 semaines (-6,07, -8,13 à -4,02).
Seuls les IRSNA augmentaient le risque d'effets indésirables (?), cependant, le nombre d'études évaluant la tolérance des autres classes d'antidépresseurs est faible et les essais ne sont pas assez puissants pour détecter d’éventuelles intolérances.
Des prescriptions à discuter
Les douleurs rachidiennes (lombalgies ou cervicales, avec ou sans symptômes radiculaires) et les douleurs arthrosiques sont les principales causes d'invalidité dans le monde. L’intérêt des antidépresseurs est validé dans la plupart des recommandations de pratique clinique dans les lombalgies et dans deux recommandations récentes sur l'arthrose.
Les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSNA) auraient un petit avantage, non cliniquement significatif, chez les personnes souffrant de douleurs rachidiennes et d'arthrose. Le bénéfice des IRSNA et des antidépresseurs tricycliques serait plus important dans la sciatique, mais la valeur des essais le démontrant reste faible.








