Pneumologie

Pollution : elle contribue significativement à la mortalité par COVID-19

La pollution particulaire contribue en moyenne pour 15 % à la mortalité due au COVID-19 dans le monde et 19 % en Europe. Lutter contre la pollution est une action contre le COVID-19. D’après un entretien avec Isabella ANNESI-MAESANO.

  • 17 Déc 2020
  • A A

    Une étude, dont les résultats ont été publiés dans Cardiovascular Research, en novembre 2020 a réalisé un état des lieux de l’impact de la pollution atmosphérique sur la sévérité des infections par le COVID-19. Il s’agit d’une étude mondiale dans laquelle l’exposition à la pollution atmosphérique a été estimée à partir de photos satellitaires, ce qui signifie que c’est la pollution particulaire qui a été prise en compte, puisqu’elle est la seule identifiable par cette technique. Une estimation de la proportion de décès par infection par le COVID 19 attribués à la pollutin a été réalisée. Un parallélisme important a été observé entre le fait de résider dans des zones polluées et l’excès de mortalité par COVID 19.

    Une étude avec une vision mondiale de la pollution

    Le professeur Isabella ANNESI-MAESANO, responsable de l’équipe d’épidémiologie des maladies allergiques respiratoires à l’Institut Pierre Louis INSERM et Sorbonne Université, explique  qu’il existe une analogie entre les pics de pollution et les pics de mortalité par COVID-19, et que cet article apporte un argument de plus concernant l’évidence de l’impact de la pollution sur les maladies respiratoires, et notamment le COVID-19, qui est un virus aéroporté. D’une façon générale, être exposée à la pollution atmosphérique de façon chronique fraigilise l’organisme humain et augmente le risque de souffrir de forme graves de COVID-19. La pollution atmosphérique est impliquée dans les maladies chroniques qui ont été associées aux formes graves de COVID-19. Entre temps, dans une autre étude qui a considéré les gros épisodes de pollution en Europe en 2019, un parallélisme important a été observé entre les pics de pollution et les pics de mortalité par COVID 19, ce qui corrobore l’hypothèse de l’intervention de la pollution atmosphérique dans le COVID-19.  Elle souligne que la plupart des études sur ce sujet sont européennes alors que le travail, paru dans Cardiovascular Research, s’est intéressé à la terre entière.  Les photos satellitaires, qui identifient la pollution particulaire, ont permis d’évaluer la part de pollution engendrée par l’homme et ainsi de fournir une estimation de la proportion de décès par COVID-19 attribuée à la pollution.

    Une autre façon de lutter contre les formes sévères du COVID-19

    Isabella ANNESI-MAESANO rappelle que la fraction attribuable à la  pollution correspond à la mortalité que l’on pourrait éviter si la pollution était nulle. Elle souligne que les résultats de cette étude ont montré que l’exposition à la pollution à long terme contribue à 15% de la mortalité par COVID-19 dans le monde, avec un intervalle de confiance de 7 à 33%. Plus précisément, la pollution contribue pour 25% aux décès par COVID-19 en Asie, 19% en Europe et 17% aux USA. Isabella ANNESI-MAESANO précise qu’il existe un effet de dilution au niveau des continents, avec une pollution beaucoup plus élevée dans les villes, en raison du fait que, dans celles-ci, jusqu’à 70% de la pollution atmosphérique est due à la combustion (automobile, domestique et industrielle).  Ainsi, pour elle, la lutte contre la pollution est un autre moyen de se protéger contre les formes graves de COVID-19. L’effet du confinement, notamment en Europe, a permis la réduction des émissions particulaires et a contribué à la lutte contre la mortalité par  COVID-19.

    En conclusion, l’impact de la pollution sur la mortalité par COVID-19 est significatif. La lutte contre la pollution est un levier non négligeable, à actionner pour sortir de la crise sanitaire liée au COVID-19.

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.
    

    JDF