Pneumologie

COVID 19 et tabagisme : des relations troubles et dangereuses.

Le lien entre le COVID-19 et le tabagisme ressort des observations dans différents centres mais aucune explication n’est donnée à l’heure actuelle, malgré diverses hypothèses. D’après un entretien avec Anne-Marie RUPPERT.

  • 10 Sep 2020
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    Une revue de la littérature, publiée en mars 2020 dans Tobacco Induced Diseases et une seconde publiée en avril 2020 dans l’European Respiratory Journal, ont fait le point sur les relations entre le tabagisme et l’infection par le COVID-19. Il en ressort qu’une relation existe entre les deux, tant sur le risque d’infection que sur la gravité de la maladie mais aucune explication certaine n’est donnée, notamment sur le lien avec la nicotine.

    Le tabagisme protège-t-il de l’infection par le COVID-19 ?

    Le docteur Anne-Marie RUPPERT, pneumologue à l’hôpital Tenon à Paris, rappelle que l’infection par le COVD-19 est une maladie pulmonaire grave que l’on ne connait pas et que la découverte de ses informations se déroule au fur et à mesure de l’épidémie. Elle souligne qu’il y a moins de fumeurs actifs dans les cohortes de sujets infectés, chinois, italiens et français. Elle relève que, dans l’Oise, 7% de fumeurs actifs ont été observés chez les sujets COVID + et un peu plus de 5% chez les sujets hospitalisés à la Pitié-Salpétrière. Anne-Marie RUPPERT explique que deux mécanismes pourraient expliquer ce phénomène : un mécanisme lié aux récepteurs de l’angiotensine, puisque celui-ci est le récepteur d’entrée du COVID-19, et un mécanisme lié aux récepteurs nicotiniques.

    Le tabagisme est-il un facteur associé à la gravité de la maladie ?

    Anne-Marie RUPPERT précise que, parmi les fumeurs atteints par le CVOD-19, nombre d’entre eux ont été hospitalisés en réanimation et/ou décédés. La question est donc de savoir si le tabagisme est un facteur de risque de la gravité de la maladie ou si cette observation est liée aux comorbidités. Anne-Marie RUPPERT rappelle, qu’aujourd’hui, la recommandation est l’arrêt du tabac puisque le tabagisme tue plus de 73 000 personnes par an. La place des substituts nicotiniques, qui saturent les récepteurs en nicotine, évitent le syndrome de manque chez les fumeurs mais n’ont pas de place chez les non-fumeurs, d’autant plus que leur tolérance est mauvaise. De plus, elle précise qu’il n’y a pas assez de vapoteurs pour savoir si le vapotage est protecteur ou non.

    En conclusion, un lien existe entre l’infection par COVID-19 et tabagisme, possiblement en rapport avec les récepteurs nicotiniques. Il serait intéressant, dans quelques mois, de croiser les données de la CPAM sur la vente des substituts nicotiniques et les infections par COVID-19.

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    JDF