Pneumologie

COVID-19 : un besoin, une rareté des ressources, une réflexion éthique complexe.

L’allocation de ressources médicales rares lors de l'infection COVID-19, notamment des respirateurs, amène à une réflexion éthique complexe, qui doit être réalisée en amont du besoin. D’après un entretien avec Olivier Jonquet.

  • 09 Avr 2020
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    Un éditorial et un article, parus en mars 2020, dans le New England Journal of Medicine, ont fait le point sur la procédure de répartition des ressources rares que représentent les respirateurs, face à l’afflux de cas graves de patients contaminés par le COVID-19. Les auteurs insistent sur la nécessité d’une réflexion sur les critères d’attribution des respirateurs, qui doit être menée avant que l’urgence ne l’impose.

    Une réflexion et des procédures en amont du besoin

    Le professeur Olivier Jonquet, réanimateur au Centre Hospitalier Universitaire de Montpellier, explique qu’il existe une procédure de répartition des ressources rares, fruits de consensus sur des « manières de faire », comparable à la procédure de répartition des organes en cas de greffe, notamment rénale. Néanmoins, en cas d’insuffisance respiratoire aiguë, la mise en danger est immédiate et la nécessité d’une réflexion en amont de l’urgence, pour poser des règles sur les critères d’attribution des respirateurs, s’impose. Olivier Jonquet rappelle, qu’en dehors des situations de crise, des choix de ce type sont régulièrement faits, en utilisant des critères les plus rationnels possibles. Il fait notamment référence à un article paru en avril 2019 dans Chest, et à un travail réalisé par l’Université de Pittsburgh traitant déjà de la stratégie d’allocation des ventilateurs en cas d’épidémie. 

    Mais laisser aussi sa place à l’humain

    Olivier Jonquet souligne qu’il est néanmoins nécessaire de laisser sa place à l’humain face à ce type de choix. Les soignants doivent pouvoir donner leur avis, en plus des indicateurs que sont l’âge, les antécédents, les co-morbidités, la volonté du patient… Il précise également que la situation est d’autant plus complexe que tous les respirateurs ne sont pas équivalents. A l’hôpital de Montpellier, une cellule comprenant des urgentistes, des réanimateurs, des gériatres et des palliatologues anticipe ces questions et forment les personnels soignants à faire face à ces choix.

    En conclusion, l’enjeu de la situation actuelle est de former des comités de « triages » par ce que l’on apprend de l’épidémie de COVID-19 pour écrire des recommandations en amont de l’urgence.

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    JDF