Rhumatologie

Lombalgie chronique : pas de bénéfice clinique pour la rhizolyse

La rhizolyse, ou dénervation par radiofréquence, en sus du traitement conventionnel, n’apporte pas de bénéfice cliniquement évident dans les lombalgies chroniques en rapport avec un syndrome articulaire postérieur ou sacroiliaque.

  • yanlev/epictura
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  • 08 Jul 2017
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    Dans trois essais randomisés, le traitement de la lombalgie chronique par rhizolyse, ou dénervation par radiofréquence, en plus du traitement conventionnel, est à l’origine d’une amélioration statistiquement mais non cliniquement significative ou d’aucune amélioration de la douleur chronique lombaire, selon une étude publiée par JAMA.

    Trois études randomisées

    Les patients de l'essai, qui ne répondaient pas complètement aux traitement médical usuel, souffraient de douleurs lombaires chroniques d’origine rachidienne : syndrome articulaire postérieure seul, douleur sacro-iliaque ou combinaison de douleurs rachidiennes en rapport avec une arthrose articulaire postérieure, une douleur sacro-iliaque ou une anomalie des disques intervertébraux.

    Tous les participants ont reçu un programme normalisé d'exercices physiques de 3 mois et un soutien psychologique au besoin. Les participants dans le groupe intervention ont également reçu une dénervation facettaire par radiofréquence. Cette rhizolyse a été réalisée selon différentes techniques, habituellement une fois, mais le nombre maximum de tentatives dans l'essai était de trois. L’analyse statistique a été faite en intention de traiter pour réduire les biais liés aux perdus de vue (étude pragmatique en ville).

    Efficacité modeste ou nulle

    Parmi les 681 patients randomisés, 599 (88%) ont fini le suivi à 3 mois et 521 (77%) celui à 12 mois. Deux essais évaluant l’impact de la dénervation par radiofréquence des douleurs facettaires ou de douleurs rachidiennes en rapport avec une arthrose articulaire postérieure ou une anomalie des disques intervertébraux ont montré à trois mois une amélioration de l'intensité de la douleur statistiquement significative, mais non cliniquement pertinente. Aucune différence cliniquement signifiante ou statistiquement significative entre les groupes n'a été démontrée dans l'essai évaluant la dénervation par radiofréquences pour des douleurs en rapport avec une arthrose articulaire postérieure.

    En pratique

    Les lombalgies sont à l’origine de plus d'incapacités de travail que toute autre maladie et elles ont des conséquences socio-économiques majeures, d’où l’intérêt de développer des traitements efficaces. Même si la dénervation par radiofréquence est un traitement couramment utilisé dans certains pays, les preuves de son efficacité restent modestes.

    Des chercheurs de l’université d’Amsterdam, au Pays-Bas, rapportent les résultats de trois essais cliniques randomisés menés dans 16 cliniques de douleur aux Pays-Bas. Une limitation de ces études est inhérente à leur objectif qui était de fournir une démonstration de la valeur ajoutée de la dénervation par radiofréquence en pratique de ville et les patients, comme les médecins, n'étaient pas en aveugle. Ce modèle expérimental teste l’intérêt de la dénervation des facettes en sus du traitement conventionnel, or celui-ci a gagné en efficacité avec le développement du réentraînement à l’effort et de la reprogrammation neuro-motrice des muscles para-vertébraux. L’autre limitation est le mélange des indications qui est déterminé plus par les indications revendiquées par la rhizolyse que par la véritable logique anatomique et clinique. Même si les douleurs lombaires avaient pu être attribuées à des troubles articulaires postérieurs ou sacroiliaques sur la fois d’un bloc analgésique (injection de lidocaïne dans les articulaires postérieures ou les sacroiliaques sous contrôle radiologique).

    Les résultats de ces 3 études ne sont pas en faveur de l'utilisation de la dénervation par radiofréquence pour traiter les douleurs lombaires chroniques en rapport avec un syndrome des facettes articulaires postérieures, une arthrose articulaire postérieure, des douleurs des sacro-iliaques ou une discopathie vertébrale.

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    JDF