Pneumologie
Apnées du sommeil : l’orthèse d’avancée mandibulaire inefficace sur les vaisseaux
Chez des patients avec un syndrome d’apnées du sommeil sévère, un traitement par orthèse d’avancée mandibulaire a un effet très significatif sur les événements respiratoires et les symptômes, mais pas d’effet protecteur vasculaire.
- Bartee Rob/SUPERSTOCK/SIPA
Dans le syndrome d’apnées du sommeil sévère, le traitement par orthèse d’avancée mandibulaire diminue la sévérité des apnées et des symptômes associés ; en revanche, il n’a pas d’effet sur la fonction endothéliale ni sur la pression artérielle. C’est la conclusion d’un essai randomisé contre placebo réalisé dans cinq centres en France.
150 patients avec un syndrome d’apnées du sommeil sévère ont été inclus dans cette étude dont l’objectif principal était d’observer l’impact du traitement par orthèse d’avancée mandibulaire sur la fonction endothéliale de malades sans antécédents cardiovasculaires. Cette fonction est évaluée d’après la capacité du vaisseau à répondre à une hyperhémie liée au gonflement d’un brassard. Ce test est un marqueur prédictif de risque cardiovasculaire chez des patients exposés à un facteur de risque.
Bonne observance
Dans cette étude, les patients ont été randomisés pour suivre deux mois de traitement soit avec une orthèse d’avancée mandibulaire efficace, soit avec un placebo c’est-à-dire une orthèse incomplète. L’observance du traitement a été mesurée avec une puce intégrée à l’orthèse.
Les résultats de l’étude montre une très bonne observance avec une utilisation moyenne de l’orthèse de 6h30 par nuit dans le groupe traité. L’efficacité sur les événements respiratoires anormaux est satisfaisante : l’index d’apnées-hypopnées a diminué de 40 au départ à moins de 20 sous traitement (p < 0,001). Sur les symptômes associés à la maladie, ronflements, fatigue, somnolence, l’efficacité du traitement est tout aussi nette (p < 0,001).
Pas d'effet vasculaire
En revanche, il n’a pas été observé d’amélioration de la fonction endothéliale qui était le critère de jugement principal, y compris chez les patients qui avaient une fonction altérée au départ de l’étude. Il n’a pas été observé non plus d’effet significatif sur la pression artérielle. Il faut signaler que dans cette étude incluant des patients avec un SAHOS sévère sans maladies cardiovasculaires connues, les valeurs initiales de la fonction endothéliale étaient le plus souvent normales, et celles de la pression artérielle n’étaient pas très élevées.
Dans cette population, il n’a donc pas été objectivé d’effet vasculaire du traitement par orthèse d’avancée mandibulaire et il n’y a pas d’argument en faveur d’un effet protecteur du traitement des apnées sur le risque cardiovasculaire.
D’après un entretien avec le Pr Frédéric Gagnadoux, pneumologue, CHU d’Angers









