Pneumologie

La pré-BPCO : encore du domaine du concept

 Diagnostiquer précocement la BPCO pour mieux la prendre en charge et prévenir son évolution, un objectif qui amène à reconsidérer cette maladie au-delà du VEMS/CVF. Cependant, le concept de pré-BPCO reste encore controversé car tous les patients n’évoluent pas vers diagnostiqués n’évoluent pas vers la BPCO. D’après un entretien avec Pierre-Régis BURGEL.

  • 20 Avr 2023
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    Une étude dont les résultats sont parus en février 2023, dans l’European Respiratory Journal, a fait le point sur le diagnostic précoce de la BPCO en allant au-delà de la simple obstruction bronchique , liée au rapport VEMS/CV. Il s’agit d’une revue de la littérature au cours de laquelle les auteurs ont évalué les différentes manifestations de la maladie et ses origines potentielles, afin de définir le concept de pré-BPCO. Ils ont pris en compte le tabagisme, les facteurs génétiques, l’exposition à la pollution et les différents symptômes développés avant l’obstruction bronchique, pour aboutir à la notion de pré-BPCO, qui pourrait être intéressante sur les plans préventif et thérapeutique.

     

    Une controverse qui agite la BPCO

    Le professeur Pierre-Régis BURGEL, pneumologue dans le service de pneumologie et maladies pulmonaires rares de l’hôpital Cochin à Paris, explique que ce travail est un « Review Position Paper » qui reprend les controverses et les données récentes de la littérature sur le diagnostic précoce de la BPCO. Il rappelle que depuis une vingtaine d’années , la définition de la BPCO se limite au diagnostic d’obstruction bronchique évaluée par un rapport VEMS/CV inférieur à 70%, en post-bronchodilatation. Or, Pierre-Régis BURGEL précise que l’exposition chronique au tabac provoque plusieurs types de manifestations respiratoires : une obstruction bronchique, diagnostiquée par la spirométrie, des symptômes respiratoires à type de toux, d’expectorations et de dyspnée et l’existence d’une destruction pulmonaire emphysémateuse, objectivée au scanner thoracique. Toutes ces manifestations peuvent être isolées ou co-exister. Des symptômes bronchiques sans obstruction nécessitent-ils un traitement ? Pierre-Régis BURGEL, ajoute que l’obstruction bronchique est diagnostiquée de façon tardive puisqu’il faut que 75% des bronchioles soient atteintes pour que le rapport VEMS/CV soit modifié. La définition de pré-BPCO n’est donc pas consensuelle, notamment pour les sujets sans obstruction bronchique, qui n’évolueront pas tous vers une BPCO avérée.

     

    Plusieurs types de BPCO ?

    Pierre-Régis BURGEL explique que la Lancet Commission, représentée par un groupe d’experts, discute les éléments de la nouvelle version du GOLD. Il existerait différents types de BPCO : la BPCO génétique, correspondant au déficit en alpha-1-antitrypsine, les troubles du développement pulmonaire, la BPCO post-tabagique et la BPCO liée à l’exposition à la pollution et à la biomasse. Ces multiples causes peuvent évidemment co-exister mais ne suffisent pas à elles-seules à provoquer une BPCO. Pierre-Régis BURGEL estime que ce travail représente un point de vue intéressant sur la controverse qui agite la BPCO, sachant que l’on ne dispose que de très peu d’actions sur cette pathologie qu’il est nécessaire de mieux comprendre. Sur les plans clinique et thérapeutique, le concept de pré-BPCO n’a que très peu d’intérêt même si des travaux récents font aujourd’hui de nouvelles proposition. La question de savoir quelle proportion de patient sera diagnostiquée « BPCO avérée » au bout de 3 à 5 ans reste posée…

     

    En conclusion, le diagnostic précoce de la BPCO et le concept de pré-BPCO sont des pistes à explorer au-delà du syndrome d’obstruction bronchique mais les limites en sont encore floues car tous les patients à risque et « pré-BPCO » n’évolueront pas vers la maladie. Heureusement….

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    JDF