Témoignage patient

Rhumatisme psoriasique : "On m’a dit que j’étais paresseuse et que je voulais faire l’intéressante"

Après avoir souffert de symptômes cutanés et, principalement, de douleurs articulaires pendant 50 ans, Bénédicte Charles a reçu un diagnostic de rhumatisme psoriasique qui a été pris en charge par les biothérapies.

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  • 31 Octobre 2025
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    "À trois ans, mes premières douleurs se sont manifestées. J’avais mal aux genoux. Mes parents m’ont emmenée à l’hôpital Necker. Après m’avoir auscultée, les médecins ont établi un lien avec la croissance", se souvient Bénédicte Charles, aujourd’hui âgée de 69 ans. Problème : les douleurs persistent et, à l’adolescence, elles surviennent au niveau de son dos. "J’ai consulté plusieurs praticiens. On m’a dit que j’étais paresseuse et que je voulais faire l’intéressante. Plus tard, à l’âge adulte, on m’a fait comprendre que c’était dans ma tête et on m’a conseillé d’aller voir un psychologue. Sans aucune réponse, j’ai continué à vivre avec mes douleurs."

    Le psoriasis "n’est pas une maladie de stress"

    À l’âge de 30 ans, de nouveaux symptômes font leur apparition : des plaques rouges surmontées de squames blanchâtres que la patiente appelle de la "neige". "Cette fois-ci, mon médecin traitant a posé rapidement un diagnostic. Pour elle, il s’agissait d’un psoriasis". Cette maladie inflammatoire de la peau, non contagieuse, évolue de façon chronique, associant des poussées, entrecoupées de rémissions (période pendant laquelle les signes de la maladie disparaissent en partie ou complètement).

    Cette pathologie, touchant 2 à 3 % de la population mondiale et 2,4 millions de personnes en France, "n’est pas une maladie de stress, mais peut être stressante, car elle est visible." Cette dernière est liée à un "dysfonctionnement du système immunitaire qui surréagit. Lorsque l’on a une peau saine, celle-ci se renouvelle tous les 28 jours. En cas de psoriasis, ce processus se produit tous les sept jours." Ce renouvellement accéléré des cellules de l'épiderme, accompagné d'une réaction inflammatoire, entraîne une accumulation des cellules à la surface de la peau, augmentant l’épaisseur de la couche externe et expliquant la production des squames.

    "Je ne pouvais pas passer l’aspirateur"

    "Étant donné que j’ai également évoqué mes douleurs articulaires durant la consultation, la professionnelle de santé m'a fait passer une radio. Sur place, le radiologue se demandait pourquoi je devais faire cet examen. Les résultats n’ont révélé aucune anomalie", raconte la retraitée qui s’est fait prescrire un traitement pour ses plaques. "J’ai eu recours à un hydratant qui a été efficace. Très vite, les symptômes ont disparu. En revanche, les douleurs articulaires étaient toujours présentes." Au fur et à mesure, la patiente met certaines techniques en place. "Je ne pouvais pas passer l’aspirateur. C’est donc mon conjoint qui le faisait." Elle se met aussi à observer ce qui active les crises. "Je m’hydratais régulièrement la peau pour qu’elle soit souple, que ça tiraille et démange moins."

    Alors que les années passent, son état ne s’améliore pas. "J’étais épuisée. La nuit, j’étais réveillée par les douleurs ou les démangeaisons. La fatigue, mais la maladie en général, m’a coûté un divorce. À l’époque, on remettait en état notre maison avec mon ancien mari. Je ne pouvais rien faire, car j’étais exténuée et que je souffrais le martyre. Il me l’a reproché à plusieurs reprises avant que nous nous séparions." La vie sociale peut également en prendre un coup. "On ne peut pas prévoir les poussées. On accepte donc les sorties avec les amis, puis le jour J, on a mal et on annule. Rapidement, nos proches ne nous proposent plus et nous oublient."

    Rhumatisme psoriasique : "les causes n’ont pas été identifiées"

    Plusieurs années plus tard, à l’âge de 55 ans, Bénédicte devient salariée de l’association France Psoriasis, où elle "fait essentiellement de l’écoute." Durant son travail, elle en apprend plus sur l’évolution et les formes de la maladie. "C’était la première fois que j’ai entendu parler de rhumatisme psoriasique", une forme se caractérisant par une atteinte articulaire douloureuse et concernant 20 % des cas. Selon l’Assurance Maladie, le rhumatisme psoriasique survient, trois fois sur quatre, plusieurs années après le début du psoriasis cutané. Cependant, dans 10 à 15 % des cas, les symptômes articulaires et cutanés sont simultanés. Enfin, dans 10 % des cas, les douleurs articulaires précèdent l'apparition des lésions cutanées.

    "Je me suis rendue compte que j’en étais sans doute atteinte", déclare la sexagénaire. Avec cette idée en tête, elle consulte un rhumatologue qui confirme le diagnostic. "Dans mon cas, les causes n’ont pas été identifiées, mais la maladie peut survenir chez les personnes ayant une prédisposition génétique. Chez les enfants, elle peut également être déclenchée par une infection ORL, comme une angine, certains médicaments ou un choc émotionnel."

    La biothérapie, "un miracle"

    Après le diagnostic, la salariée, qui est devenue bénévole puis vice-présidente de l’association, se voit prescrire la nouvelle famille de traitement contre le psoriasis. Il s’agit des biothérapies, qui sont indiquées en seconde intention en l’absence de réponse aux autres traitements ou en cas de contre-indication aux thérapeutiques habituelles. "Comme j’avais un ‘beau’ rhumatisme psoriasique, le spécialiste a décidé de me prescrire ce traitement en première intention. C’est un miracle, ça m’a changé la vie !" Grâce à la biothérapie, son état s’améliore. "Au bout de 18 mois, il ne faisait plus effet, donc actuellement, je teste une nouvelle molécule. C’est la quatrième", explique Bénédicte. "Il existe des solutions, il ne faut pas désespérer. Si on se sent seul, que l’on a besoin de parler sans être jugé, ou que l’on veut des informations sur la maladie, il convient de se tourner vers l’association."

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