Démence
Alzheimer : un traitement prometteur ne sera pas remboursé
La Haute Autorité de Santé n’autorise pas un accès précoce au Leqembi, un médicament contre la maladie d’Alzheimer au coût élevé. Voici pourquoi.

- Par Geneviève Andrianaly
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"On avait beaucoup d’espoir avec le Leqembi. Tout le monde en avait. Il n’existe aucun traitement médicamenteux contre Alzheimer. La perspective d’en avoir un était séduisante", a déclaré, à Libération, le Dr Pierre Cochat, président de la commission de la transparence de la Haute Autorité de Santé (HAS). En avril 2025, le lécanémab, commercialisé sous le nom de Leqembi, un traitement développé par les laboratoires Biogen et Eisai contre la maladie d’Alzheimer, est approuvé par l'Agence européenne des médicaments (EMA) et bénéficie d'une autorisation de mise sur le marché (AMM). Mais pour l’instant, les patients français ne pourront pas profiter du remboursement de ce médicament, dont le coût s’élève à plusieurs dizaines de milliers de dollars par an aux États-Unis. En effet, ce 9 septembre, la HAS a annoncé avoir refusé l’autorisation de mise à disposition en accès précoce du Leqembi. Cela signifie le traitement ne sera pas intégralement remboursé, dans l’immédiat, au prix fixé par les fabricants.
Alzheimer : un traitement peu efficace et aux effets secondaires préoccupants
Les essais testant le médicament ont montré un léger ralentissement du déclin cognitif chez les personnes dont la maladie d’Alzheimer débutait. "Notre enquête soulignait déjà que le médicament promettait de retarder le déclin cognitif, mais de seulement 3 à 6 mois pour une maladie qui évolue sur 10 à 15 ans", peut-on lire dans les colonnes du Point. Cependant, la HAS estime que les bénéfices sont si maigres qu'ils ne font pas de différence pour les patients. Elle va plus loin et signale une "absence de démonstration formelle d'une corrélation entre les effets pharmacodynamiques en termes de réduction de la charge amyloïde et l'évolution clinique cognitive et fonctionnelle." En parallèle, les effets secondaires "ne sont pas faibles du tout." Les réactions, telles que des hémorragies et des œdèmes cérébraux, sont graves et parfois mortels. "À long terme, ces accidents œdémateux ou hémorragiques évoluent avec le temps et quand ils guérissent, évoluent plutôt en entraînant une atrophie cérébrale. Ce n'est pas vraiment ce qui est attendu dans un contexte de maladie d'Alzheimer", a spécifié le Dr Pierre Cochat.