Infections
La réalité virtuelle peut aider le corps à stimuler son immunité
Une étude suisse révèle qu’être exposé à des malades en réalité virtuelle peut suffire à déclencher une réponse immunitaire et ainsi combattre les infections.

- Par Stanislas Deve
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- MiraPen / istock
Notre corps peut-il anticiper une attaque virale avant même d’être exposé à un vrai danger ? C’est ce que suggèrent les travaux d’une équipe de chercheurs suisses, publiés dans la revue Nature Neuroscience : ils ont constaté que le simple fait d’être confronté à des malades virtuels, totalement fictifs, pourrait suffire à activer notre système immunitaire. Une découverte qui ouvre de nouvelles perspectives en matière de prévention.
Quand le virtuel déclenche une réaction bien réelle
Les scientifiques de l’Université de Genève ont fait appel à 248 jeunes adultes en bonne santé. À l’aide de casques de réalité virtuelle (VR), les participants ont été plongés dans un monde peuplé d’avatars, certains affichant des signes d’infection – toux, boutons, expressions de douleur, etc. – et d’autres avec un air effrayé ou neutre. En parallèle, leur activité cérébrale était enregistrée. Résultat : face aux personnages malades, leur cerveau activait régulièrement "le réseau de saillance", une zone du cerveau qui détecte principalement les "stimuli saillants, y compris les menaces", selon un communiqué d’Euronews.
Mais plus surprenant encore : des analyses de sang ont révélé une hausse significative de l’activité des cellules immunitaires appelées "cellules lymphoïdes innées". Ces cellules jouent un rôle crucial dans la réaction rapide aux agents pathogènes. "Nous pensions observer une réaction très légère, explique la Dr Camilla Jandus, immunologiste et co-autrice de l’étude. Voir des modifications cellulaires en quelques heures, nous ne nous y attendions pas."
Une alarme biologique anticipée
Cette capacité à réagir à une menace fictive pourrait être un mécanisme d’anticipation utile. "Souvent, quand la menace infectieuse entre dans le corps, il est trop tard, note la chercheuse. Ce système d’alerte virtuel pourrait permettre à l’organisme de se préparer à répondre". Ces résultats complètent d’autres travaux qui démontrent que "notre corps fonctionne comme un détecteur de fumée" : il peut réagir à des signaux trompeurs mais potentiellement dangereux par de l’inflammation, des nausées, une diarrhée ou des douleurs.
Vers une nouvelle voie de prévention ?
Si les effets du VR sur l’immunité doivent encore être confirmés sur des groupes plus larges, les chercheurs envisagent d’utiliser ces environnements fictifs pour renforcer les réponses aux vaccins ou aider les personnes allergiques à mieux tolérer certains agents. En exposant virtuellement l’organisme, il serait possible de "préparer le corps à mieux réagir le jour où l’infection réelle survient", conclut Jandus.