Pédiatrie
Epidémie de Covid-19 : retards dramatiques d’accès aux soins en Italie
Le confinement et la chute drastique des consultations aux urgences et en ville en Italie, depuis le début de l’épidémie de Covid-19, est à l’origine de retards diagnostiques aux conséquences parfois fatales. Une « autre » 2ème vague est à craindre !
- KatarzynaBialasiewicz/istock
Pour la seule semaine du 23 au 27 mars dernier, 12 cas dramatiques de retards de prise en charge de pathologies pédiatriques sévères ont été rapportés sur plus de 1200 enfants contactés. La moitié des enfants ont été hospitalisés en soins intensifs et 4 sont décédés.
Chute de 80% des consultations
Ces données alarmantes, publiées dans le Lancet, à partir d’une série dans 5 hôpitaux de pédiatrie italiens, donnent une petite idée du problème de l’accès aux soins dans ce pays en période de Covid-19.
Entre le 1er et le 27 mars dernier, les consultations aux urgences pédiatriques en Italie ont diminué de 73 à 88%. Un constat similaire est fait en pédiatrie de ville, même si l’on ne dispose pas de chiffres précis.
Pour ces 12 cas, les parents ont indiqué avoir évité d’aller à l’hôpital par peur du SARS-Cov-2. Avant de finalement se rendre aux urgences, ils avaient dans la moitié des cas (5/12) tenté de contacter un médecin, sans succès, les soignants étant débordés par l’épidémie de Covid-19. Pire, dans certains hôpitaux, il leur avait été déconseillé de venir.
Pendant la Covid-19, des maladies s’aggravent
Aucun de ces enfants n’a été testé positif au SARS-Cov-2. Deux sont arrivés aux urgences avec une acido-cétose sévère, révélant de façon bruyante un diabète de type 1, deux autres avaient une leucémie aiguë, révélée pour l’un par une hyperthermie évoluant depuis une semaine, et pour le second par une anémie et un syndrome de détresse respiratoire aiguë.
Un cinquième enfant avait fait des convulsions répétées pendant plusieurs jours, traitées à domicile sans aucun avis médical. Une petite fille de 3 ans est arrivée à l’hôpital après 6 jours de fièvre à plus de 39°C, avec un tableau de sepsis secondaire à une pyélonéphrite aiguë. Un nouveau-né était resté lui aussi à la maison pendant plusieurs jours malgré des vomissements et est arrivé aux urgences en état de choc hypovolémique. Il souffrait d’une sténose du pylore.
Un enfant de 2 ans, vomissant depuis plusieurs jours et ne pouvant s’alimenter, présentait une hypoglycémie sévère. Un enfant « constipé » depuis plus d’une semaine présentait à l’arrivée aux urgences une masse abdominale de plus de 15 cm de diamètre, qui s’est révélée être un néphroblastome.
Les maladie chroniques aussi
Dans les autres cas, les enfants et adolescents souffraient de maladies chroniques (paralysie cérébrale, insuffisance rénale terminale, syndrome de Wilson), dont les complications ont été prises en charge trop tardivement et l’évolution s’est faite vers le décès.
Alors que les médecins français sont dans la même situation vis-à-vis de « leurs malades habituels », tous ces cas illustrent bien la nécessité absolue de maintenir la continuité des soins, en pédiatrie bien sûr, mais aussi plus largement pour tous les patients souffrant de maladies chroniques et les personnes présentant des symptômes inhabituels. La 2ème vague ne sera peut-être pas celle que tout le monde attend !








