Oncologie
Cancer du rectum : rémission de tous les patients MSI dans une petite étude
Une nouvelle immunothérapie anti-PD1 permettrait une rémission du cancer du rectum avancé MSI chez tious les patients d'une étude de 18 malades. Des résultats jamais vus auparavant mais à confirmer.
- kirisa99/istock
Existe-t-il un traitement miracle pour soigner le cancer ? Pour certains, c’est en tout cas la piste avancée par une équipe scientifique du centre de recherche contre le cancer Memorial Sloan Kettering, situé à New-York. Dans une étude parue dans la revue The New England Journal of Medicine, ils montrent qu’une immunothérapie anti-PD1 permettrait une rémission complète des personnes atteintes d’un cancer du rectum MSI non métastatique. Pour mémoire les MSI représentent seulement 5% des cancers du rectum.
Dans une interview à NPR, la Dr. Hanna Sanoff du centre de recherche sur le cancer Lineberger de l’université de Caroline du Nord exprime son enthousiasme face à ces résultats. "Nous n’avons jamais vu un traitement fonctionner à 100% en oncologie", précise-t-elle. Elle n’a pas participé à l'étude, mais a écrit un commentaire sur les découvertes réalisées par ses confrères.
Six mois de traitement
Dans cet essai médical, 18 patients ont été recrutés, tous atteints d’un adénocarcinome rectal MSI de stade II ou III. Pendant six mois, douze d’entre eux ont reçu du dostarlimab, un nouvel anti-PD1, toutes les trois semaines. Ce médicament appartient à la famille des inhibiteurs de point de contrôle immunitaire qui permettent au système immunitaire de reconnaître et de détruire les cellules cancéreuses.
"Ce sont des médicaments qui existent depuis longtemps dans le traitement du mélanome et d'autres cancers, mais qui n'ont vraiment pas fait partie des soins de routine des cancers colorectaux jusqu'à assez récemment", précise la Dr Hanna Sanoff à NPR.
Dans l'étude, cette immunothérapie était administrée avant le traitement classique du cancer du rectum c'est-à-dire des séances de chimiothérapie, de radiothérapie et de la chirurgie, mais ce traitement éprouvant n'a été nécessaire chez aucun des 18 malades. Une surprise remarquable car ce traitement standard peut avoir des conséquences lourdes sur la vie quotidienne des personnes qui la subissent : des troubles sexuels, urinaires, intestinaux ou encore une infertilité.
Une future étude déterminante
Au bout de six mois, les 18 patients sont en rémission complète : aucun signe de tumeur n’a été détecté et aucun d’entre eux n’a eu besoin d’intervention chirurgicale ou de chimiothérapie pour terminer le traitement. "Aucun cas de progression ou de récidive n'a été rapporté au cours du suivi (de 6 à 25 mois)", indiquent les auteurs de l’étude. Face à ces résultats, "il y a eu beaucoup de larmes de joie", raconte la Dr. Andrea Cercek, co-autrice, au New York Times.
La rémission de l’ensemble des participants a surpris les chercheurs eux-mêmes. "Je crois que c’est la première fois que ça arrive dans l’histoire du cancer", estime le Dr. Luis A. Diaz, co-auteur. En conclusion de l’étude, les auteurs rappellent toutefois qu’un suivi sur le long terme sera nécessaire pour confirmer ces résultats, mais il faudra aussi réaliser un essai clinique de plus grande envergure.
La Dr. Hanna Sanoff spécifie que cela permettra de connaître le taux réel de réponse à ce traitement. "Ça ne pourra pas être 100%, estime la scientifique. J'espère que je me mordrais les doigts d’avoir dit ça, mais je ne peux pas imaginer que ce sera encore 100% !"











