Infectiologie

Covid-19 : réunion d'urgence à l'OMS sur les variants du SARS-CoV-2

L’Organisation mondiale de la santé se réunit d’urgence ce jeudi pour faire le point et proposer une stratégie vis-à-vis des trois variants du SARS-CoV-2 qui se propagent dans le monde.

  • 14 Janvier 2021
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    La coexistence d'une reprise épidémique mondiale et de l'apparition de nouveaux variants inquiète. Pour y voir plus clair et donner des indications pour mieux lutter contre la propagation du virus, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé se réunir d’urgence ce jeudi 14 janvier, deux semaines avant la prochaine réunion prévue du comité d’urgence.

    Elle va regarder de plus près les trois variants en provenance du Royaume-Uni, d’Afrique du Sud et du Brésil.

    Le variant anglais présent dans au moins 50 pays, le sud-africain 20

    Selon l’OMS, plus de 50 pays sont désormais touchés par des cas d’infection par le variant britannique. Celui en provenance d’Afrique du Sud a été repéré dans au moins 20 pays différents. La troisième et dernière mutation enregistrée à ce jour, découverte au Japon, en provenance d’Amazonie brésilienne, est actuellement étudiée mais l’Organisation a déjà fait part de son inquiétude puisque ce variant pourrait impacter la réponse immunitaire. Les deux autres apparaissent plus contagieux et contribueraient à la flambée épidémique mondiale.

    À travers le monde, la reprise épidémique est violente, si bien que de nombreux pays ont décidé de reconfiner leur population. Ce fut le cas de la Grande-Bretagne et de l’Irlande il y a plusieurs jours, suivis du Portugal cette semaine où plus de 10 000 cas ont été enregistrés mercredi. Son voisin espagnol a constaté un “risque extrême” sur son territoire et l’Italie a prolongé l’état d’urgence sanitaire. En France, de nouvelles mesures sont attendues ce soir avec les annonces du premier ministre Jean Castex à 18 heures.

    Le variant anglais plus contagieux ?

    Les connaissances scientifiques sur les nouveaux variants sont encore très faibles mais inquiétantes. Il semble admis que celui venu d’Angleterre serait plus contagieux que le SARS-CoV-2 “initial”, comme le rapportent des travaux préliminaires menés par des chercheurs de la London School of Hygiene and Tropical Medicine et présentés le 31 décembre dernier dans le CMMID Repository qui ont tablé sur une contagiosité accrue de 50% à 74%.

    Précisément, une mutation repérée sur la protéine de spicule du virus (N501Y) augmenterait sa capacité à pénétrer et infecter les cellules humaines, ce qui favoriserait l’infection. Mais certains scientifiques, tout en reconaissant le caractère plus contagieux, pointent plutôt des problèmes de diastanciation à l'origine de cet excès de contagions (lévée trop précoce des restrictions, impact du froid et des séjours plus prolongés au domicile...).

    Le variant sud-africain plus difficile à combattre

    Il existe pour l’heure moins de données concernant le variant sud-africain, dont un premier cas a été enregistré en France le 31 décembre dernier. Ce mardi, le président du conseil scientifique Jean-François Delfraissy l'a présenté au 20h de TF1 comme "probablement plus toxique que le virus anglais". “Ce nouveau variant est hautement préoccupant, parce qu’il est plus contagieux et semble avoir muté davantage que le nouveau variant qui a été identifié au Royaume-Uni”, a déclaré le ministre de la Santé britannique Matt Hancock, le 23 décembre dernier. Il n’apparait pas plus pathogène et ne semble pas causer de formes plus graves de la maladie.

    Il pourrait cependant être plus difficile à combattre. “Il a une mutation située sur la protéine Spike, une pointe permettant de pénétrer dans les cellules et d'infecter les humains. C'est cette mutation qui fait que le virus échappe davantage aux anticorps, a décrit à l’AFP la bio-informaticienne Houriiyah Tegally qui mène des travaux de surveillance en génomie, au sein de l'équipe de pointe qui a identifié le variant sud-africain. Ce nouveau variant pourrait aussi présenter un plus fort risque de ré-infection. Nous attendons d'avoir davantage d'éléments mais c'est une réelle inquiétude.

    L’efficacité des vaccins en question

    L’efficacité des vaccins sur ce variant pourrait être remis en question. John Bell, professeur de médecine à l’université d’Oxford, estime qu’il existe un “gros point d’interrogation” autour de l’efficacité des vaccins contre la forme mutante sud-africaine de la Covid-19.

    Des copies du virus ont été envoyées à des laboratoires dans le monde entier pour des tests et Pfizer aurait indiqué que son vaccin fonctionne sur ce variant.

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