Psychiatrie

Dépression : quelle place pour les estrogènes et la progestérone ?

Contraception hormonale, agonistes de la GnRH, traitement de substitution de la ménopause, progestérone et ses dérivés. Une revue de la littérature fait le point sur la place de ces traitements dans le trouble dysphorique prémenstruel, la dépression de la ménopause et celle du post-partum.

  • KatarzynaBialasiewicz/istock
  • 12 Juin 2020
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    C’est une évidence clinique : les fluctuations des hormones ovariennes sont associées à un risque accru de dépression. Certaines femmes présentent des troubles de l’humeur sévères au cours de la phase lutéale tardive, reconnus comme le trouble dysphorique prémenstruel. D’autres périodes de la vie féminine, marquées par une baisse des hormones ovariennes, exposent à un risque élevé de troubles de l’humeur, le post-partum et la ménopause.

    Les liens entre dépression et hormones suscitent donc de nombreuses recherches visant à élargir l’arsenal thérapeutique dans la dépression majeure. Dans un Etat de l’art publié dans le Journal américain de psychiatrie, Jennifer Dwyer et coll. ont passé en revue toutes les études ayant analysé l’impact sur la dépression de la modulation des différents axes du système endocrinien, et notamment les effets des estrogènes et de la progestérone.
      

    Des relations complexes

    Les effets des hormones ovariennes sur l’humeur sont complexes, et les études cliniques ayant analysé les liens entre contraception orale et humeur ont donné des résultats contradictoires.

    De la même façon, il est difficile de conclure à l’efficacité d’une stratégie hormonale de ce type pour traiter les épisodes dépressifs majeur. Des résultats positifs ont pu être mis en évidence avec certains contraceptifs oraux, notamment ceux contenant de la drospirénone, ou des agonistes de la GnRH comme le leuprolide, dans le traitement du trouble dysphorique prémenstruel.

    Dans cette indication, les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) constituent le traitement de première intention, mais la contraception orale est une option thérapeutique de deuxième ligne et les agonistes de la GnRH de 3è ligne.

    Traitement hormonal de substitution de la ménopause

    Les effets du traitement hormonal de substitution de la ménopause sur la dépression majeure sont également difficiles à apprécier. D’une part parce que les études ont plus souvent porté sur quelques symptômes rattachés aux troubles de l’humeur que sur la dépression caractérisée. D’autre part, parce que le moment de la prise du traitement de substitution, en périménopause, au tout début de la ménopause ou plus à distance influe sur son efficacité.

    Ainsi, le traitement hormonal de substitution parait plus efficace s’il est donné juste au moment de la transition entre préménopause et ménopause. En pratique, sa meilleure indication semble être un traitement de courte durée (moins de 5 ans) chez la femme en périménopause présentant une dépression et se plaignant par ailleurs de symptômes de déprivation hormonale comme des bouffées de chaleur et une sécheresse vaginale. Il peut être raisonnablement proposé, seul ou en association à un ISRS, chez une femme en périménopause avec une dépression sans signes vasomoteurs.

    Mais il n’est aujourd’hui pas recommandé en prévention de la dépression en période périménopausique. Enfin, la prescription d’un traitement substitutif plus tard dans la ménopause semble peu efficace et est associée à une augmentation du risque cardiovasculaire.

    Dans la dépression du post-partum

    Les effets de la progestérone, et de son métabolite l’allopregnanolone ont été évalués dans le trouble dysphorique prémenstruel, avec des résultats encourageants, mais avec parfois la survenue d’effets paradoxaux (augmentation de l’anxiété) notamment chez l’adolescente.  

    Dans la dépression du post-partum en revanche, les effets positifs rapidement obtenus avec la brexanolone ont conduit la Food and drug administration à donner son feu vert pour l’utiliser dans cette indication.

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