Oncologie

Cancer de l'ovaire : le talc n'augmenterait pas les risques

Alors que de nombreuses études épidémiologiques mettaient en évidence un lien entre application de talc sur les parties génitales et cancer de l'ovaire, une large synthèse d'études réalisée sur le sujet ne trouve aucune association significative. 

  • Anchalee Phanmaha/iStock
  • 15 Janvier 2020
  • A A

    Dans le monde, le cancer de l’ovaire est la septième cause de décès par cancer chez la femme. A l’heure actuelle, il existe trois facteurs de risque avéré pour développer cette maladie : le traitement hormonal substitutif de la ménopause à base d’œstrogènes, le tabagisme et l’exposition à l’amiante.

    Dans les années 70, des inquiétudes ont commencé à naître sur la contamination du talc par de l’amiante. Or, à cette époque, de nombreuses femmes avaient pour habitude d’appliquer cette poudre sur leurs parties génitales pour absorber humidité et odeurs. Plusieurs études ont ensuite montré que les utilisatrices de talc avaient plus de risques de développer un cancer de l’ovaire. Aujourd’hui cependant, une synthèse d’études publiée dans la prestigieuse revue Jama révèle n’avoir trouvé aucun lien entre l’usage du talc sur les parties génitales et le risque de cancers des ovaires. 

    Etude indépendante

    Pour en arriver à cette heureuse conclusion, les chercheurs de divers centres de recherches américains, financés par les Instituts nationaux de santé (NIH), ont analysé des études portant sur un total de 250 000 femmes aux Etats-Unis sur une durée médiane de onze ans.

    Alors que sur cette période environ 2 200 cancers des ovaires ont été rapportés et que quatre participantes sur dix (surtout les plus âgées) avaient pour habitude d’utiliser du talc, soit par application directe sur les parties génitales, soit en en mettant sur un sous vêtement, un tampon hygiénique ou un diaphragme, aucun lien n’a été observé. Ainsi, aucune différence statistique n’a été repérée entre les femmes déclarant avoir utilisé du talc et les autres, note l'étude.  

    Mais comme toujours dans les études d’observation, il impossible de conclure à une causalité ou à une absence de causalité. Les chercheurs peuvent seulement faire état d’une absence ou d’une présence de lien statistique. “Il reste une incertitude sur l’existence d’une telle association”. Si le lien entre talc et cancer existait vraiment, “l’augmentation du risque serait probablement faible”, explique Kevin McConway, professeur de statistiques appliquées à The Open University.

    Un laboratoire américain régulièrement visé par des plaintes 

    Ces résultats réjouiront probablement le géant pharmaceutique et des produits d’hygiène Johnson & Johnson qui se défend depuis des années contre des milliers de plaintes contre ses produits talqués. En mai 2017, l’entreprise américaine a par exemple été condamnée à verser 110 millions de dollars à une patiente atteinte du cancer de l’ovaire vivant dans l’Etat de Virginie. L’année d’avant, la compagnie a dû indemniser trois plaignantes malades (dont sa famille pour l’une d’elle, décédée) à hauteur de 65, 45 et 63 millions d’euros respectivement. En octobre dernier, la compagnie américaine a toutefois dû rappeler un lot de talc pour bébé car des inspections sanitaires y avaient découvert des traces d’amiante.

    En France, le cancer de l’ovaire est le cinquième cancer féminin après ceux du sein, du côlon, de l’utérus et de l’estomac. A l’heure actuelle, près de 4 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année.

    Pour pouvoir accéder à cette page, vous devez vous connecter.