Dépression : les stimulations cérébrales non-invasives sous-utilisées

Les médicaments et la psychothérapie ne suffisent pas toujours pour venir à bout d’une dépression sévère. C'est même le cas dans près d'un tiers des cas au final.

Des techniques de stimulation non-invasives du cerveau sont développées depuis plusieurs années. Mais selon une étude parue dans le British Medical Journal, elles demeurent très peu utilisées alors même que leur efficacité est largement démontrée. 

4 techniques de stimulation étudiées 

L’équipe de recherche a compilé les données de 113 études cliniques sur 6 750 patients soignés pour des troubles dépressifs ou des dépressions bipolaires par des stimulations non-invasives du cerveau. La majeure partie des participants à ces études ne réagissait pas suffisamment aux antidépresseurs. Tous les travaux analysés comparent l’efficacité d’une méthode active de traitement à un placebo : la stimulation magnétique transcrânienne, la stimulation par électrochocs (sismothérapie), la stimulation transcrânienne à courant continu et la magnétoconvulsivothérapie.

La stimulation magnétique transcrânienne utilise les champs électromagnétiques pour modifier l’activité neuronale dans certaines zones du cerveau. Le traitement par électrochocs, ou sismothérapie, consiste à envoyer un courant électrique ce qui provoque une crise d’épilepsie et va permettre de développer de nouveaux réseaux de connexion neuronale. Pour la stimulation transcrânienne à courant continu, les médecins posent des électrodes sur le cuir cheveu, du courant de faible intensité y transite pour atteindre des zones ciblées du cerveau. Enfin, la magnétoconvulsivothérapie utilise les champs magnétiques pour générer une crise d’épilepsie, cette technique est plus précise que la thérapie par électrochocs. 

Des méthodes efficaces 

La compilation de toutes les études montre que ces techniques de stimulation non-chirurgicale sont peu utilisées ou parfois trop tardivement. Elle indique également qu’elles sont aussi efficaces que les traitements médicamenteux pour soigner les troubles dépressifs et la dépression bipolaire. Ces méthodes peuvent être utilisées en complément d’un médicament ou en remplacement.  

D’après la fondation Fondamental, qui lutte contre les troubles psychiatriques, entre 15 et 30 % des personnes dépressives souffrent de dépression résistante, c’est-à-dire que les traitements médicamenteux ne fonctionnent pas sur elles. Dans ces cas, le recours à des techniques de stimulation transcrânienne peut être une solution, même si elles ont une mauvaise image auprès du grand public, et en particulier la sismothérapie. 

C'est particulièrement vrai pour les électrochocs, perçus comme une méthode barbare. Le professeur Pierre-Michel Llorca, chef de service en psychiatrie au CHU de Clermont-Ferrand, expliquait à leur sujet, en février dernier : "pour moi, les électrochocs constituent une stratégie curative efficace, qui reste pourtant sous-utilisée".