Oncologie

Cancer du sein : le risque de second cancer primitif mieux caractérisé

Après un cancer du sein traité, le risque de second cancer primitif, du sein ou d’un autre organe, est augmenté en fonction de différents facteurs de risque mieux caractérisés. Ces données débouchent sur une adaptation nécessaire des recommandations de surveillance des survivants d’un cancer du sein.

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  • 25 Avr 2024
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    Les seconds cancers primitifs (SPC) après un cancer du sein constituent un fardeau de plus en plus lourd pour la santé publique, mais il existe peu d'études sur les effets sociodémographiques, tumoraux et thérapeutiques de ce type de cancer. Bien que les risques de SPC autres que le cancer du sein soient élevés pour les survivants du cancer du sein, quel que soit leur sexe, peu d'études ont pu examiner les effets des caractéristiques démographiques des patients, du type de cancer du sein ou de ses traitements sur les risques de seconds cancers primitifs, et les études qui l'ont fait étaient souvent de petite taille.

    Une équipe d'étude britannique s'est penchée sur cette question à travers la plus grande cohorte de survivants du cancer du sein à ce jour, en utilisant un nouveau système de couplage des données du Service national d'enregistrement des maladies au Royaume-Uni. Publiée dans The Lancet, la cohorte comprenait 581 403 femmes et 3562 hommes ayant survécu à un cancer du sein diagnostiqué entre 1995 et 2019. Les deux sexes étaient exposés à des risques élevés de seconds cancers primitifs sur le sein controlatéral et sur d’autres organes avec des facteurs de risque mieux définis.

    Un risque de seconds cancers primitifs majoré

    Pour la première fois, des données sur 581 403 femmes et 3562 hommes survivants du cancer du sein du National Health Service England ont été utilisées, avec des dossiers de santé électroniques couplés et un contrôle complet de la qualité des données, pour évaluer les risques de seconds cancers primitifs et la variation des risques de SPC en fonction des facteurs démographiques, de la pathologie du cancer du sein et de son traitement.

    Les deux sexes sont exposés à des risques élevés de seconds cancers primitifs du sein controlatéral (SIR : 2,02 (IC à 95% : 1,99-2,06) femmes ; 55,4 (35,5-82,4) hommes) et de seconds cancers primitifs non mammaire (1,10 (1,09-1,11) femmes, 1,10 (1,00-1,20) hommes).

    Les risques de seconds cancers primitifs non mammaires sont plus élevés chez les femmes plus jeunes au moment du diagnostic de cancer du sein (SIR : 1,34 (1,31-1,38) <50 ans, 1,07 (1,06-1,09) ≥50 ans) et les femmes plus défavorisées sur le plan socio-économique (SIR : 1,00 (0,98-1,02) quintile le moins défavorisé, 1,34 (1,30-1,37) quintile le plus défavorisé).

    Un risque qui dépend de l’âge du cancer du sein

    Dans la plus grande étude de ce type à ce jour sur les risques de seconds cancers primitifs chez les survivants du cancer du sein, quel que soit leur sexe, les survivants d'un cancer du sein, hommes et femmes, ont des risques de seconds cancers primitifs significativement élevés sur tous les sites combinés, sur tous les sites autres que le sein combinés, et sur des sites spécifiques, notamment le sein controlatéral, l'ovaire, l'endomètre et la prostate.

    Il s'agit également de la première étude à démontrer que les survivants du cancer du sein défavorisés au plan socio-économique ont un risque plus élevé de seconds cancers primitifs que les survivants du cancer du sein moins défavorisés.

    L'étude fait également progresser la précision des estimations du risque de seconds cancers primitifs chez les femmes et les hommes, en identifiant mieux les facteurs qui contribuent à la variabilité des risques de seconds cancers primitifs.

    Une nécessaire adaptation des stratégies de surveillance après cancer du sein

    Les survivants du cancer du sein pourraient bénéficier d'une surveillance accrue vis-à-vis des seconds cancers primitifs, en particulier au niveau du sein controlatéral, de l'endomètre et de la prostate, bien que des recommandations spécifiques nécessiteraient des analyses coûts-bénéfices distinctes.

    Cette étude peut également contribuer à la stratification des risques de seconds cancers primitifs chez les survivants du cancer du sein, puisque les chercheurs ont trouvé des preuves significatives de la variation des risques de SPC chez les femmes en fonction de l'âge et de l'année civile du premier diagnostic de cancer du sein, de la taille, du grade, de la morphologie, du statut du récepteur d'œstrogène ou du statut du récepteur 2 du facteur de croissance épidermique humain du premier cancer du sein, de l'administration d'une chimiothérapie, d'une radiothérapie ou d'une thérapie hormonale pour le premier cancer du sein, de la privation socio-économique et de l'appartenance ethnique.

    Enfin, cette étude démontre les possibilités offertes par l'utilisation d'ensembles de données de dossiers électroniques de santé complets et liés à l'échelle de la population, tout en nous permettant de tenir compte des sources possibles de variabilité du risque. Les études futures devraient viser à examiner l'influence des facteurs associés à la privation, tels que le tabagisme ou l'obésité, sur les risques de second cancer primaire après un cancer du col de l'utérus.

     

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    JDF