Grâce à une protéine
Allergies : vivre à la ferme réduirait les problèmes respiratoires
Vivre à la ferme protège de l'asthme et des allergies. Des chercheurs belges ont découvert pourquoi.
En 2050, une personne sur deux souffrira d’allergies respiratoires dans le monde selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Une épidémie aux causes encore incertaines mais l’hypothèse hygiéniste est privilégiée. L’excès de propreté dans les pays industrialisés expose en effet les enfants à un risque accru d’asthme et d’allergies. Une théorie confortée par une étude publiée ce vendredi dans le prestigieux journal Science.
« A ce stade, nous avons révélé un lien entre les poussières dans les fermes et une protection contre l’asthme et les allergies », indique Bart Lambrecht, professeur de pneumologie à l'université de Gand en Belgique et responsable des travaux.
Protection contre les acariens
Pour parvenir à un tel résultat, l’équipe de chercheurs européens a exposé pendant deux semaines des souris à des poussières prélevées dans des étables en Allemagne et en Suisse. « Ces tests ont montré que les souris étaient entièrement protégées contre les allergies aux acariens, l’une des causes d'allergies les plus fréquentes chez l’homme », souligne le chercheur.
Pour la première fois, un mécanisme explicatif a été mis en évidence. L’inhalation régulière et plus ou moins prolongée de ces poussières, contenant des virus et des bactéries, rend la muqueuse tapissant les voies respiratoires moins réactive aux allergènes comme les acariens.
« Cet effet est dû à la protéine A20 produite par la muqueuse bronchique lorsqu’elle est en contact avec des poussières, commente le Pr Hamida Hammad, un des auteurs de l’étude. Quand nous inactivons cette protéine, les poussières ne sont plus en mesure de réduire les réactions allergiques ».
Un variant responsable chez l'homme
Chez l’homme, un variant de la protéine A20 serait aussi mis en cause, relèvent les auteurs. Des tests menés chez 2 000 enfants grandissant à la campagne ont montré que la plupart ne souffraient pas d’allergies. « Ceux qui ne sont pas protégés et qui développent des allergies sont porteurs d’une mutation dans le gène A20 provoquant la fabrication d’une protéine non fonctionnelle », explique le Pr Bart Lambrecht.
A partir de ces conclusions, les chercheurs poursuivent leurs travaux afin d’identifier le ou les composés de la poussière des étables offrant cette protection. Ils suspectent déjà quelques substances comme les endotoxines produites par des bactéries ou les moisissures. Cette identification permettra par la suite le développement d'un traitement préventif.