Nations Unies
Sida : la baisse des aides américaines pourrait entraîner plus de 4 millions de décès
Depuis l’élection de Donald Trump, les aides américaines internationales ont été drastiquement réduites. Pour les Nations Unies, cela pourrait avoir de lourdes conséquences sur la prévention du sida à travers le monde.

- Par Mégane Fleury
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- burakkarademir/ISTOCK
La lutte contre le sida est menacée. Dans un rapport paru le 10 juillet, Onusida, le programme commun des Nations Unies sur le sida, alerte sur les risques de régression face à la baisse drastique des aides américaines. Cela ramènerait la pandémie à "des niveaux qu’elle n’avait plus connus depuis le début des années 2000", prévient l’organisme.
Sida : une réduction drastique des aides américaines
L’Agence des États-Unis pour le développement international (Usaid) a été mise en suspens après l’élection de Donald Trump début 2025. En mars dernier, l’administration américaine a annoncé la suppression des aides pour 83 % des programmes. Parmi ces derniers figure le Plan d’urgence présidentiel de lutte contre le sida porté par les États-Unis (PEPFAR). Ce programme a notamment permis le dépistage du VIH pour 84,1 millions de personnes et le traitement pour 20,6 millions de personnes. "Le Plan a également permis à 2,3 millions d’adolescentes et de jeunes femmes de bénéficier de services complets de prévention du VIH en 2024", précise Onusida. Le programme de l'ONU estime que le PEPFAR a contribué à sauver plus de 26 millions de personnes. "Depuis plus de deux décennies, les États-Unis sont un chef de file inébranlable dans la réponse mondiale au sida par le biais du PEPFAR", souligne le texte.
Arrêt des aides américaines : plus de 4 millions de décès supplémentaires liés au sida
Dans son communiqué, Onusida présente les résultats de son analyse chiffrée des conséquences des réductions des aides américaines. "Six millions de nouvelles infections par le VIH et quatre millions de décès supplémentaires liés au sida pourraient survenir entre 2025 et 2029 si les services de traitement et de prévention du VIH soutenus par les États-Unis s’effondrent complètement", alerte le document. Cela correspond à 5.800 nouvelles infections quotidiennes, contre 3.500 en 2023, et 2.400 décès chaque jour, contre 1.700 en 2023. 660.000 nouvelles infections à VIH pourraient aussi survenir chez les enfants entre 2025 et 2029.
Lutte contre le VIH : un appel à l’action
Dans un éditorial publié en amont du rapport, Winnie Byanyima, directrice exécutive de l’ONUSIDA, appelle les États à se remettre au travail. "La riposte au VIH est peut-être en crise, mais nous avons le pouvoir de la transformer, prévient-elle. Les communautés, les gouvernements et les Nations Unies relèvent le défi." Le rapport cite des initiatives de "résilience" mises en place dans certains pays. Pour 2026, 25 pays à revenu faible ou intermédiaire ont annoncé une augmentation des budgets nationaux consacrés à la lutte contre le VIH.
Par exemple, l’Afrique du Sud prévoit une augmentation annuelle de près de 6 % des dépenses de santé, dont une hausse annuelle de 3,3 % pour la lutte contre le VIH et la tuberculose. "En temps de crise, le monde doit choisir la transformation plutôt que le recul, alerte Winnie Byanyima. Ensemble, nous pouvons encore mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique d’ici à 2030, si nous agissons de toute urgence, dans l’unité et avec un engagement inébranlable."