Analyses
Pollution intérieure : la qualité de l’air des logements s’est améliorée en 15 ans
La qualité de l’air des logements français s’est améliorée au cours des 15 dernières années, mais il reste d’importants progrès à faire.

- Par Sophie Raffin
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- Vanit Janthra/istock
Si on se méfie de la qualité de l’air extérieur, on fait moins attention à celle de notre habitation. Et pourtant, de nombreuses études ont révélé que l’air y était souvent plus pollué. C’est pourquoi l’Observatoire de la qualité des environnements intérieurs (OQEI), porté par le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation de l’environnement et du travail (Anses), a analysé la qualité de l’air des logements de la France Hexagonale sur plusieurs années.
Son rapport, publié le 10 juillet 2025, apporte une bonne nouvelle : la qualité de l’air intérieur des logements s’est améliorée en 15 ans. Toutefois, la pollution reste élevée.
Pollution : des améliorations pour plusieurs polluants intérieurs
Lors de leur enquête, les experts de l’OQEI ont visité 571 maisons individuelles ou appartements, répartis dans tout l’Hexagone et interrogé 1.516 personnes entre novembre 2020 et février 2023. Ils ont recherché et mesuré plus de 170 polluants, notamment les composés organiques volatils (COV) et semi-volatils (COSV), le dioxyde d’azote (NO2), les particules fines (PM2,5) ainsi que le radon. Les données recueillies ont été comparées à celles obtenues lors d’une première campagne d’évaluation des logements français réalisée entre 2003 et 2005.
"De manière générale, une baisse des concentrations en COV, aldéhydes et particules dans l’air des logements est observée en 15 ans", notent les experts. Dans le détail, les taux de COV chlorés (1,4-dichlorobenzène, trichloroéthylène et tétrachloroéthylène), souvent utilisés comme solvants ou désinfectants dans de nombreux produits de bricolage, industriels ou domestiques, ont reculé de plus de 80 %. Les particules fines liées au tabagisme, à la fumée et au trafic routier ont diminué de 33 %. Il en est de même pour de benzène (-47 %) et le formaldéhyde (substance présente dans les émissions de produits bois ; -28 %). La baisse des autres COV oscille entre 30 % à plus de 80 %.Pour les auteurs, les améliorations observées sont le résultat de plusieurs mesures mis en place ces dernières années comme l’interdiction de certaines substances dans les produits de construction ou du tétrachloroéthylène dans les pressings, l’étiquetage obligatoire des produits de construction ou encore la sensibilisation de la pollution au risque de pollution intérieur et du tabagisme.
Air intérieur : il faut renforcer les efforts
Si l’air des habitations est un plus “respirable”, il reste plusieurs points noirs. En premier lieu, aucune évolution n’a été observée pour certains polluants comme l’hexaldéhyde (ossature bois, revêtements de sol à base de bois brut ou reconstitué), le radon (gaz radioactif d’origine naturelle) ou encore le 1-méthoxy-2-propyl acétate (très peu détecté dans les deux campagnes).
De plus, "dans une partie du parc de logements, les concentrations observées dans l’air intérieur restent supérieures à des valeurs faisant référence pour l’aide à la gestion ou pour la protection de la santé des populations", prévient le rapport. En effet, plus de 7 résidences sur 10 présentent des taux de particules fines est supérieur à l’objectif cible de 10 μg/m3.
Le radon (8 % des habitations), le formaldéhyde (6 %), le dioxyde d’azote (3 %), le benzène (1,4 %) et le trichloroéthylène (0,05 %) inquiètent aussi les scientifiques.