Vieillissement

Faire des cauchemars pourrait réduire l’espérance de vie

Des cauchemars récurrents seraient liés à un risque accru de décès précoce, selon des chercheurs. En cause, un stress chronique et un sommeil perturbé, qui accélèrent le vieillissement biologique.

  • Anna Gorbacheva / istock
  • 07 Jul 2025
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    Et si vos mauvais rêves étaient le reflet d’un danger bien réel, lui ? D’après une vaste étude américaine relayée par le chercheur Timothy Hearn dans The Conversation, les adultes faisant des cauchemars chaque semaine seraient "presque trois fois plus susceptibles de mourir avant 75 ans" que ceux qui en font rarement. Explications.

    Double impact : stress et privation de sommeil

    L'étude en question, qui regroupe les données de plus de 4.000 personnes âgées de 26 à 74 ans suivies pendant 18 ans, a relevé 227 décès prématurés. Même après avoir pris en compte des facteurs de risque classiques (tabac, poids, santé mentale...), l'association entre cauchemars fréquents et mortalité restait forte, "comparable au risque lié au tabagisme intensif". Pour comprendre ce lien, les chercheurs ont analysé des horloges épigénétiques – des marqueurs biologiques du vieillissement. Verdict : les personnes sujettes aux cauchemars sont "biologiquement plus âgées que leur âge réel", quel que soit l'outil de mesure utilisé.

    Pourquoi ces mauvais rêves pèsent-ils autant sur le corps ? Les cauchemars se produisent durant le sommeil paradoxal, période où le cerveau est très actif mais les muscles figés. Chaque frayeur nocturne provoque une décharge de cortisol et d’adrénaline comparable à celle d'une situation de danger réelle. "Si cette alarme interne sonne chaque nuit, la réponse au stress peut rester partiellement activée tout au long de la journée", explique Timothy Hearn, de l’université britannique Anglia Ruskin. Or, un stress continu fait de gros dégâts sur l'organisme : il accélère l'inflammation, augmente la pression artérielle et altère les cellules.

    Autre facteur clé : les réveils répétés, causés par ces songes dont on se passerait bien, perturbent le sommeil profond – une phase cruciale pour "réparer l'organisme et éliminer les déchets cellulaires". Cette combinaison entre stress chronique et repos perturbé pourrait expliquer pourquoi "le corps semble vieillir plus vite" chez les rêveurs tourmentés.

    Les cauchemars préfigurent-ils des maladies ?

    Loin d'être anodins, les mauvais rêves pourraient aussi prédire d'autres troubles. Des études antérieures ont déjà montré que les adultes faisant des cauchemars réguliers sont "plus susceptibles de développer une démence ou la maladie de Parkinson" avant l'apparition de tout symptôme diurne. "Les régions du cerveau impliquées dans le rêve sont aussi celles touchées par ces maladies neurodégénératives", souligne Hearn.

    Environ 5 % des adultes rapportent faire au moins un cauchemar par semaine, et 12,5 % chaque mois, selon une étude de 2022. Puisqu'ils sont "fréquents et traitables", les cauchemars pourraient devenir un nouveau marqueur de prévention, affirme le chercheur. Des thérapies existent déjà : la thérapie cognitive du sommeil, la "thérapie par répétition d'imagerie mentale" (qui consiste à réécrire le cauchemar éveillé), ou des gestes simples comme dormir dans une chambre fraîche et sans écrans.

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    JDF