Cerveau
Alzheimer : les bébés et les malades partagent une caractéristique biologique inattendue
Les bébés et les patients atteints de la maladie d’Alzheimer présentent des taux sanguins élevés de la protéine tau phosphorylée, plus précisément une forme appelée p-tau217.

- Par Geneviève Andrianaly
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"La phosphorylation de la protéine tau, naturellement présente dans l’organisme et participant à la constitution du squelette des cellules, joue un rôle important dans la physiologie et la pathologie cérébrales. Au cours du développement fœtal, cette dernière favorise la dynamique des microtubules et la neuroplasticité, tandis que dans la maladie d’Alzheimer, celle-ci est modifiée et, en désorganisant la structure des neurones, elle produit une dégénérescence neurofibrillaire aboutissant à la mort des neurones", selon des chercheurs de l’université de Göteborg (Suède). Dans une nouvelle étude, publiée dans la revue Brain Communications, ils ont voulu évaluer la phosphorylation de la protéine tau phosphorylée, plus précisément une forme appelée p-tau217, dans le plasma sanguin de nouveau-nés en bonne santé, d’enfants prématurés, de personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer et d’adultes en bonne santé de différentes tranches d’âge.
Des taux plus élevés de p-tau217 chez les nouveau-nés
Les taux plasmatiques de tau217 phosphorylée étaient significativement plus élevés chez les nouveau-nés que chez les adultes en bonne santé, tous âges confondus, et dépassaient même les taux observés chez les patients touchés par la maladie d’Alzheimer. Tant chez les bébés en bonne santé que chez les enfants prématurés, les taux de p-tau217 étaient étroitement liés à la précocité de la naissance. Plus la naissance est précoce, plus les taux de cette protéine sont élevés, ce qui suggère un rôle dans la croissance cérébrale rapide dans des conditions de développement difficiles. D’après les résultats, une diminution des taux sériques de tau217 phosphorylée au cours des premiers mois de vie des tout-petits, se rapprochant des niveaux observés chez les jeunes adultes. En revanche, une concentration plasmatique élevée de tau217 phosphorylée chez les personnes plus âgées était associée à la maladie d’Alzheimer.
Alzheimer : la même protéine joue deux rôles radicalement différents
Selon les scientifiques, chez les bébés, cette augmentation de la protéine tau semble favoriser un développement cérébral sain, favorisant la croissance des neurones et la formation de nouvelles connexions, façonnant ainsi la structure du jeune cerveau. En revanche, dans la maladie d'Alzheimer, la protéine p-tau217 est associée à l'agrégation de la protéine tau en amas nocifs appelés enchevêtrements, soupçonnés de provoquer la dégradation des cellules cérébrales et le déclin cognitif qui en résulte.
"Nous pensons que comprendre le fonctionnement de cette protection naturelle, et pourquoi nous la perdons avec l'âge, pourrait ouvrir la voie à de nouveaux traitements. Si nous parvenons à comprendre comment le cerveau du nouveau-né contrôle la protéine tau, nous pourrions un jour imiter ces processus pour ralentir, voire stopper, la maladie d'Alzheimer", a déclaré Fernando Gonzalez-Ortiz.